Archive for the 'correspondance' Category

Libellule s’évade.

La verticalité des passants et de l’ombre à gauche,
l’horizontalité lumineuse de la fuite et des autre badauds à droite.
Crouton (l’inspecteur) arrive au loin, barrant le passage vers la douane (que l’on devine au fond fléchée vers la gauche) mais empêche aussi l’accès à la passerelle du navire (servant de support au phylactère soit dit en passant).
L’image est coupée en deux dans le sens vertical :
D’un côté Crouton tapi dans l’ombre à l’intérieur
et de l’autre côté,
dans la lumière,
à l’extérieur
Libellule et Gil Jourdan qui l’entraîne hors de vue,
en une fraction de seconde.
Nous sommes au cinéma,
du moins nous avons le même passe-partout que pour regarder Hawks, Welles, Peckinpah ou Tavernier.
Tout l’art de Tillieux résumé en une case.
Je pourrais prendre une planche aussi,
lui qui affectionnait les courses-poursuites en tous genres…
Mais ici tout est résumé en un seul plan,
une lecture classique de gauche à droite,
de haut en bas,
tout se passe en une fraction de seconde,
la dramaturgie est là.

Du coup (formule très en vogue à l’heure actuelle) je me suis fait « Popaïne et vieux tableaux » dans la foulée de ce merveilleux album qu’est « Libellule s’évade ».
Le plaisir est resté le même tant c’est bien fichu.
Tillieux vous étiez un génie
de la bande dessinée,
certes,
mais un génie…
Au même titre que Franquin.
Tiens, à propos de ce dernier… N’oubliez pas de signer la pétition de Gaston





Ces petites pépites du net… Enjoy the picture.

« Ma mère et moi sortant d’une expo de Basquiat avec Wharol et lui derrière nous.
1984″…
’84 ?
C’est bien simple, je n’étais même pas né.
Non, je blague.
La dame qui pose cette photo sur un groupe dédié à New York
dans ce réseau social que je ne nommerai pas
peut être fière du remue-ménage occasionné par son image.
Là où, finalement, la passante anonyme,
mise en avant
relègue les célébrités à l’arrière plan en disant à sa chtiote :
– Maintenant, comme tu as été sage, allons manger une glace .
Merci madame Przybylski d’avoir posé cette image,
de la partager,
c’est un peu le même émerveillement que celui de Patti Smith dans « Just kids »
où elle cause sur les marches d’un escalier extérieur avec un certain Jimi Hendrix
ou qu’en ’69 un certain Allen Ginsberg lui paie « le petit plus » de son sandwich
voyant qu’elle n’a pas la monnaie.

It’s November 1969 and Ms. Smith is trying to buy a cheese sandwich at the Horn & Hardart Automat on West 23rd Street in Manhattan. When she finds herself a dime short, Ginsberg approaches her and asks if he can help. He offers her the extra 10 cents and also treats her to a cup of coffee. The two are talking about Walt Whitman when Ginsberg suddenly leans forward and asks if she’s a girl.

“Is that a problem?” she asks.

He laughs and says: “I’m sorry. I took you for a very pretty boy.”

“Well, does this mean I return the sandwich?”

“No, enjoy it. It was my mistake.”
Pareil ici :
Enjoy.

« Me and my mom leaving a Jean-Michel Basquiat show with Andy Warhol and Basquiat leaving behind us -1984″…
Crédit photo @Audrey Przybylski.
Et merci à Christophe de m’avoir posté cette petite chose.

Les fanons.

Fiers ils trônaient sur leur prise.
La baleine avait résisté pourtant


@Han Youngsoo

« Vive la baleine » par Mario Ruspoli et Chris Marker.
Prends-toi 17 minutes pour ce documentaire daté,
certes,
’72 c’était hier pourtant.

Chris Marker & Mario Ruspoli – Vive la baleine (1972) from Ignis Fatuus on Vimeo.

Lors de ma promenade matinale je vis qu’il y avait du vrai dans cette image.


Comme chaque jour (ou chaque nuit…) Dame, le confinement a renforcé des addictions dont l’insomnie s’accommode, je surfais tranquillement aux commandes de mon vaisseau,
l’image que je cherchais n’avait rien à voir avec le sujet de ce billet,
tout était tranquille sur la toile
Au diable, me dis-je, prenons les petits chemins creux
par simple curiosité
et voyons voir.
Une main sur la souris,
le clavier azerty cliquetant sous l’autre,
le glissé-déposé sur la recherche d’images
quand soudain dans un beau reportage d’Oliver Stegmann sur les gens du cirque.
je tombe,au détour de la page, sur cette image anodine d’un clown se maquillant
et ceci refléta cela.
Instantanément.
Cette nouvelle vision, imparfaite et ô combien déroutante de la DMLA posée sur un œil…
Dans une seule photo.
Où qu’il se pose le regard passe par l’analyse du cerveau,
un seul œil scanne la réalité
l’autre fait zigzaguer les droites
tant horizontales que verticales
le centre de l’image se rétrécit
le reste flotte et s’éloigne comme sous LSD
et le cerveau fait un constant travail de traduction du réel ;
l’ennui,
ici,
c’est qu’il n’y a pas de réveil comme après un mauvais rêve,
punctum proximum et remotum se confondent dans un état permanent de mise au point hésitante
une vision avec laquelle il faut s’habituer.
Heureusement l’œil directeur n’a rien
il prend le dessus
et fait la majorité du travail
gommant
effaçant
supprimant les traces qui divaguent.
Retrouver la vision binoculaire du temps jadis il faut en faire le deuil et s’adapter…
Quand tu es « dans l’image »
un « visuel » depuis toujours
et que tu as goûté à la vision (quasi) monoculaire pendant deux mois
à la suite d’une vitrectomie
tu t’estimes heureux
oui
heureux.
Du silicone qui remplissait l’œil tu gardes une petite bulle
car comme te l’as expliqué le chirurgien
il existe des coins et des rabicoins dans un globe oculaire.


« Gaston »
2017
@ Oliver Stegmann
……

« Shot against time ».
@Evgen Bavcar

Dans ma vision au quotidien, la petite horloge représente la bulle d’huile de silicone.

Vojtech Slama ou l’élégance du pêcheur d’images au quotidien

Le matin en même temps que mon café je fais mon jogging sur la toile
oui je sais, je ferais mieux de sortir et de faire quelques kilomètres dans la fraîcheur matinale de la campagne… Ou de poster ici plus souvent.
Mais bon !
Je vais d’un tumblr à l’autre en écoutant un podcast ou fip
La rosée,
le givre,
les brumes qui tardent à se lever après la nuit noire sont à la fenêtre
j’observe les cinquante-et-une nuances de gris de ce petit royaume du (Très Très Grand ) Nord
quand soudain au hasard d’une page
je tombe sur cette image
oui, la première
l’œil s’attarde sur ce dos,
malgré la trivialité de la pose
la familiarité
voire l’intime de la chose
le charme s’opère…
Je te laisse .couvrir
c’est le cas de le dire.
A demain ?


Catherine in The Pond, Slatina, CZ, 1998

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Vojtech Slama.

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