Archive for the 'Wispra' Category

Les vertiges du (petit) jour ou la drôle de mégapole.



Au milieu du tintamarre des cigales
chardons et liserons se disputent
pour y faire des manières de jardins suspendus
laissant place à de vastes espaces aérés
entre buildings hélicoïdaux et
voies de communications vétustes.
Pendant que
deux ou trois punaises gendarmes
surveillent
les fourmis
elles
sont au turbin
déjà.
Dans cette drôle de Babylone
aux nombreux points d’accroches
quelques araignées
trop contentes d’ajouter leur grain de sel
s’affairent à l’édifice rouillé
de la précaire structure
comme pour retisser
ces entrelacs de liens
qui leur avaient manqué
à l’époque.
Ponts de cordes
et bouts de ficelles
interposés au hasard des nœuds
entre les fibres du bois
et l’oxyde du métal
attestent d’une vie
ici
il y a quelques années de cela.

De matelas
il n’y en a plus
depuis longtemps.
Reste ce sommier 3/4
vestige de ces amours
où ils la conçurent.

Phrases muettes
maudits mots rengorgés
avec l’anathème pour thème
– Anna t’aime ?
T’aime plus !
Gnagnagna !
Dans le résumé
ainsi dit
post-mortem
c’en était ridicule.

Dix heures,
le soleil consent à passer par dessus la colline
écrasant tout contraste sur la frêle cité.
Il ne tardera pas à faire chaud.

Wispra range le reflex dans sa housse
et continue son périple
à travers ce champ de ruines
qu’est devenue la propriété parentale.






Ici, on fait tout à la main, monsieur.



Le contrat serait simple,
comme d’habitude,
secouer,
un peu,
le mauvais payeur…
Lui faire cracher ses biffetons et se casser en douce,
ni vu, ni connu.
En attendant son contact
il avait commandé son bacon and eggs,
en noir et blanc…
comme si le temps était resté suspendu.
.

.
La mère de Wispra se disait que sa fille devrait,
un jour,
faire un reportage sur ce curieux bonhomme
d’un autre temps,
d’une autre époque.
La sienne, quoi !


Ah, Robert !
Ce qu’il était beau.
Elle gardait ce petit secret,
tout au fond…
Tout au fond.


Chers lecteurs du blog à Luc, pardon pour ce long silence… Dans les jours à venir vous aurez toutes les explications… Que d’aventures ! Que d’équipées !… Je, je… Non, rien, plus tard.

La touque.

Par grande soucoupes,
flic-flac,
elles tombaient au hasard
criblant le béton du chemin
de flaques liquides :
sous les impacts répétés,
l’herbe pliait puis revenait à sa forme initiale,
la latérite explosait en poudre pâle
pour retomber rouge-brique.
Petit Diogène dans son bidon,
renversé pour ne pas prendre l’eau,
Wispra,cachée derrière la haie
n’en perdait pas une miette.
Blottie à l’abri de l’averse tropicale,
la tête au ras du sol,
humant les senteurs fugitives et particulières
des tropiques,
son oeil,
déjà photographique,
changeant la focale
elle se laissait envoûter par le spectacle.
Observant
silencieuse
les fourmis affolées
cherchant l’issue de leur terrier
entre les ruisselets tentaculaires
aux géographies incertaines.
Elle ne perdait pas de vue le jeu de cache-cache avec « les autres »
mais pour le moment elle jouissait
de la mise au point
sur les graminées, les insectes et les ruisseaux.
Le contraste du vert et du rouge.
Le martèlement des gouttes sur la tôle du fût.
La térébenthine de la mangue.
Ses sens gravaient,
à jamais.

Sûre qu’en rentrant,
avec sa robe trempée
et souillée de makala (*)
elle se ferait engueuler par sa mère :
– Fichue ! Ajouterait celle-ci
(toujours à dramatiser)
Flic-flac !
Elle se ramasserait sa paire de claques
sans broncher
et filerait se changer.

Sa satisfaction grandissait,
avec les fleuves.
Les autres,
trop couards,
ayant perdu,
devaient avoir mis le holà au jeu,
avec la pluie.
Elle pouvait rentrer à présent
ou se salir, encore,
et regarder la débâcle des Myrmidons.
Elle choisit de rester.

N’empêche !
Gontran aurait perdu.
Jamais ce nigaud n’aurait pensé à la chercher,
là, dans la touque servant au barbecue dominical.

Quinze ans plus tard,
à L’Archiduc,
Life On Mars passait dans les baffles ;
Bruxelles,
pour elle,
était en effet comme Mars.
Gontran,
devant elle et son mojito,
n’avait pas changé.
Toujours aussi empoté,
largué par sa meuf,
il s’entortillait dans un plan drague…
Pathétique.
« Flic-flac » pensa-t-elle.


(Pour Marion S.)

(*) charbon de bois.

Pareille à un vieux bouquet d’immortelles.

Saucissonné dans son filet
un méchant petit chignon
tire une conclusion stricte
à sa beauté un peu passée.

Phase préparatoire à ce qui va suivre
elle bichonne ses coussins de belle-mère,
dans la petite serre-véranda,
penchée avec cette grâce mécanique
si particulière
aux vieilles danseuses ;
enfarinée de poudre de riz
en petits gestes empruntés,
elle vaque,
puis,
comme sortant d’une rêverie,
elle passe à côté
dans la pièce dévolue à ses cours à domicile ;
la leçon peut commencer.
Au rythme de son accent slave
elle dirige les petites
de sa voix rauque et grave
scandant,
faisant enchaîner les figures
à la barre fixe sur le son
d’une autre époque.

Ami d’avant,
ennemi désormais,
le miroir,
scrupuleux délateur,
pointe les erreurs,
des petits rats !

Wispra fascinée
par ce personnage
d’un autre âge
mitraille au Nikon.

20h.47′.

Pressée,
elle n’était pas,
elle attendrait le moment opportun
pour lui dire son fait,
à ce goujat.

Les hôtes attendraient,
voila tout.

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