Archive for the 'Lubumbashi lambeaux' Category

Sur ses traces en ce jardin.


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Des langues de ruisseaux et de rivières rougeâtres
s’allongent en affluents arachnides au sol.
La latérite, assoiffée, boit goulûment les eaux usées.
A la limite de la nausée
l’odeur des plumes mouillées
ébouillantées
arrachées
en cadence
par poignées
scandent le matin.
Ouvrir sous le croupion
éviscérer…
Les intestins glissent
dans d’improbables entrelacs grisâtres se confondants avec la pierre.
Cous, cœurs, foies, gésiers…
Vider les cailloux et le grain…
Avant de les ranger au fond de la cavité thoracique
assainie de ses boyaux.
Parfois, avec son chapelet allant crescendo,
une jeune pondeuse y passait, par erreur,
avec au bout deux ou trois oeufs formés,
presque prêts à sortir…
Il seraient pour la pâtisserie…
En ce samedi matin
Cinq, dix, quinze, vingt
on avait vidé une trentaine de poussins
plus une poule…
Pour la moambe du lendemain.
Les ailes croisées dans le dos
les pattes coupées et rentrées dans l’incision du fion…
Pour honorer la commande.
Les poulets,
rangés côte à côte,
attendaient le client.
C’était il y a longtemps.
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Récompense des plus grandes plumes
pour une coiffe de chef indien
… Le duvet irait dans des coussins.


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C’est à ça aussi que ce jardin me faisait penser.
Pourquoi je raconte ça ?
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Vendredi tu aurais eu quatre-vingt-huit ans.
Ne crois pas que je l’oublie…

Les matitis.

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Travelingue au ras du sol…
Laissant la place à d’autres,
les herbes s’écartent
… Pas ou peu de ciel
un mur
un bond…
amortissant les sons
pierres moussues
puis froid du verre
celui de la serre
madrier d’échafaudage
(provisoire)
de la véranda au tronc
un mètre
et puis l’arbre…
Arrêt…
l’étau se resserre
trois, cinq, sept branches en avant, l’oiseau
J’observe le chat
qui mate la proie…
Et je me souviens de ce crapahutage insensé
au retour de la source jamais atteinte
après les eucalyptus lépreux
à travers les hautes herbes du plateau de la Lukafu,
graminées d’un autre temps
quelques rideaux de bambous
puis une longue clairière
se transformant en savane,
décoiffée d’acacias trop petits,
trop petits pour être un abri au cas où
même plus la force de courir
si le danger est là
je ne dis rien à mes compagnons
du phacochère déboulant fond de caisse
pris de panique pour un rien
ou d’une hyène dont c’est l’heure
mais à défaut de charogne
et en bande
pas de romantisme inutile avec des lions ou des panthères
juste la réalité d’un buffle solitaire dérangé dans sa nuit.
Craintes.
Le soleil se couche à tôt dans ces pays là,
dix-huit heures trente
trop tard
il fait noir
pareil à un four
rejoindre les voitures…
On ne sera pas là avant vingt heure,
et le temps s’allonge
de façon étrangement exponentielle
comme toujours dans ces contrées
la Nature
les gens
tout comme
dans un miroir déformant
de la caillasse
des jambes envoyées en avant sans savoir
tempes qui battent
poumons n’en pouvant plus
(cigarettes !)
fatigue accumulée
crampes aux aguets
parce que le pari d’un vieux fou sans bagage
de son neveu sans cervelle
pareil à une sauterelle,
cachant sa fatigue,
crânant béatement… D’épuisement pauvre con !
(pour la paraphrase)
ces guides toujours trois-cents mètres en avant
ne servant à rien
sinon à embrouiller l’esprit
avec leurs évaluations de distances abracadabrantes
et du temps à mettre pour les parcourir
le cortège a pris du retard
plus d’eau non plus
depuis une heure ;
imbéciles !
défi de cons !
Suivant une forme floue, à peine distincte dans la nuit…
Fantôme de présence
mirage d’humain
L’oeil sans le halo des villes civilisées
ne s’habitue pas dans cette nuit sans lune.
Peu ou pas de son sinon notre marche étouffée
Enfin, très loin, une mince lueur…
Le village.
Le chat n’étant plus qu’à trois branches
l’oiseau s’envole…
Je jubile.
Lui me toise, comme disant :
– un phacochère, un buffle, des hyènes… Vraiment ?
Des fois je me dis qu’on ne raconte pas d’histoires à un chat.
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Pour l’historique de cette « randonnée pédestre » voir l’article ici il y a plus d’un an maintenant.
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Dédicacé à la d@me qui avait adoré l’épopée Congolaise de 2009.o)

D’un vieux carnet: cat is in the house.

Comme une suite au billet précédent.
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« Si ma maison brûle,
entre Vélasquez et le chat,
je n’hésite pas,
je sauve le chat. »

(Giacometti)

Elle doit être arrivée maintenant…


La constellation est bien trop grande
évidemment…
J’ai beau scruter l’horizon
(vers le Sud forcément)
je n’arrive pas à distinguer exactement où elle est allée se nicher…
Dans le Sagittaire, certainement…
Je parie qu’elle cause avec grand-papa Célestin
Ils étaient du même signe ces deux là…
Elle en gardait une trouille bleue
et lui parlait souvent ces derniers temps
en préparant son petit voyage.

Mutique.


(*)

Katanga
Mu immobile
larmes sèches
verres opaques
anéantie debout
brûle de le refroidir
avant déflagration
sourd le bruit
de la détente
apaisement
salée
de
sueur
sûre
en paix
maintenant
début de la fin
agonie de l’autre
cris aphones
mutatis mutandis
« crève » lui dit-elle
sa vie
elle la commence
Mu rit à présent.


(*) : Mu en chinois veut dire « sans ».

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