Archive for the 'cinéma' Category

Le jour où…

– Le jour où je suis tombée amoureuse de Buster écrira-t-elle,
plus tard dans ses mémoires,
l’arrière grand-mère de Wispra.

.
On sent qu’elle est rentrée le soir chez elle
en racontant sa journée à sa coloc,
enthousiaste…
Ça aurait donné comme ceci
– Oh dear
(qu’elle aurait dit)
on a fait un truc génial aujourd’hui
(elle dirait « so amazing » bien sûr,
on est en Amérique),
il y avait Buster Keaton qui chantait et dansait
(singing and dancing),
avec Marion Shilling
(Quelle rime !)
Soit dit en passant,
elle danse comme un fer à repasser
(like an iron)
mais lui,
même avec son maquillage
et son costume tout ridicule,
C’qu’il est cute !
(minaudant et explorant , des yeux, le plafond)
Je l’ai même taquiné en tirant sa veste par derrière(*)
et je crois bien qu’il a regardé dans ma direction une ou deux fois par la suite…
Presque sûre,
presque ;
tu verrais son regard,
ses yeux !
Il en a deux…
Ce qu’ils sont beaux !
Both of them.
Et nous,
les girls,
tout le folklore qu’on s’est mis sur le dos,
des godillots,
je ne te dis que ça,
un morceau de goudron avec chaussettes et jupette ridicule…
Des danseuses grecques sans sirtaki,
en line dance ma fille.
Heureusement que ma mère ne voit pas ça,
du moins je l’espère.
(I hope so).
Et puis,
c’est pas tout,
lorsqu’il ressort de la boîte en clown pantin
t’aurais vu cette élégance,
cette souplesse,
ce lâcher prise…
Après, je suis allée dans sa loge et…
Devine ?
We have a date !
Un café demain.
Can’t wait !

.

Buster parlant
c’est tout une époque déjà,
de plus le garçon avait une assez belle voix et tenait l’air.
Pendant qu’il chante,
par contre,
je n’ai cessé de reluquer la petite à l’arrière plan
la deuxième en partant de la gauche,
qui fait tout le travail,
certainement boostée par Edward Sedgwick à la mise en scène
sur cette chorégraphie délicieusement désuète
aux costumes ridicules
c’est quasi la seule qui se démarque pour animer la troupe
surjouant un peu,
beaucoup,
passionnément ,
à peine,
buvant les paroles de Buster,
vraiment,
vivant le moment,
l’instant,
elle se la raconte,
se penche un peu plus,
joue du pied,
s’intéresse
coiffant au poteau, Marion Shilling,
qui est bien gentille,
mais bon.
Et à 1’52,
as-tu vu le regard discret du ceusse,
à la dérobade,
avant de tomber dans la boîte à malice laissant Marion,
quatre secondes plus tard continuer l’air
de sa petite voix chevrotante.

.
(*)Où elle lui tire la veste. juste avant la choré qui suit.

Gama comme au studio Harcourt.

La légende pourrait être celle-ci
(n’y voyez pas malice) :
« Faisant du cat-sitting chez une amie,
elle me lança
– Si ça te dit, tu pourras faire des photos de ma chatte à poil sur le canapé
Puis elle partit en me laissant ses clés »
En tapant ces mots
j’ai une pensée émue
pour Boby
qui savait si bien
en vers et en rimes
dire ces choses.
Mais revenons à notre sujet, voulez-vous ?
La phrase de mon amie me laissait un tantinet rêveur
mais
toujours prompt à appuyer sur le bouton
(vous me connaissez désormais)
je m’exécutai sur le champ et fis des polas dudit félidé.
Évidemment ce serait bien mal connaître ces animaux que de croire que la tâche fut aisée.
Dès que ce genre de fauve perçoit le soupçon d’un borborygme de « dziii »
caractéristique à l’autofocus du sx-70
il devient suspicieux et craintif…
Ses oreilles se dressent,
ses yeux s’agrandissent,
il cherche d’où provient ce son insupportable,
une attaque nucléaire ?
Chimique ?
Bactériologique ?
Nonobstant, s’il est resté stoïque pendant ce réglage
il panique complètement à la régurgitation de la photo après le clic de l’appareil…
Il faut alors reprendre la séance une demi heure plus tard
quand tout s’est apaisé
et revenir avec la ruse du puma mon totem
comme aurait dit Oumpah-Pah
(seuls les initiés voient ce dont je veux parler )
.
Au final, Gama a adoré poser pour moi, elle ne s’attendait pas à ce résultat.
(Clic sur le pola pour agrandir).
.
Dans ce premier pola j’ai tout de suite pensé à Klimt dans un de ses dessins où la modèle se trouve tendue de part en part d’une page à l’horizontale, comme sur une corde à linge.

La seconde, par contre, j’ai revu dans la pose cette image et ce lâcher prise de Francesca Woodman lorsqu’elle se libère du cadre.

Celle-ci quand Olympia et l’odalisque sont parties, laissant Manet à ses élucubrations moderniste, la chatte prend ses aises, enfin !

Quant à la dernière,
à l’envers pour le coup,
Gama me fit penser à un clair obscur entr’aperçu chez Degas dans ses clichés-verres de la fin de vie… Une danseuse fuyant du regard l’objectif.

Polaroid B&W SX-70 Film, octobre 2020.

On nous aurait encore menti ?


Milan Balog.
.

C’est une chose dont on ne se rend pas compte
quand on est enfant
ou adolescent
c’est qu’on ne sera pas adulte dans le monde qu’on a connu
du tout du tout

.


Don’t look back (Kaya Scodelario)

Et ça on se prépare toute notre vie à être adulte
dans le monde qu’on a connu enfant,
… On est préparé à ça
et puis quand on y arrive
– Ah non, c’est pas du tout les mêmes codes
Pas du tout, du tout.

(Cité de mémoire à partir d’une micro-interview d’Édouard Bear,
amuseur fin du XXème s.- début du XXIème s.).

L’enlèvement de Chlo.

Le sx70 a parlé
avec ses contrastes doux,
son velouté cotonneux et aérien
une matière suave et gourmande
qui distribue ombre et lumière
en voiles légers…
Rien à voir avec le rendu
sans appel
du numérique
sec et âpre,
lui.
Entre l’argentique et l’autre
pour cette version remastérisée de l’enlèvement d’Europe
il n’y a pas photo
Chlo peut s’envoler tranquille
Je garde le pola.



Modèle Chloé

Tout est là.

Elle reprit de ce chocolat
qu’un ami Belge lui avait offert ;
d’ordinaire elle n’était pas fan
mais là,
cette petite pointe de sel
ce petit croquant du cacao
c’était parfait.
Ils ne s’étaient plus vus depuis une éternité
Lui n’avait pas changé
elle non plus

Mais ce n’est pas de ça dont je voulais te parler
Je voulais mettre l’accent
sur cette élégance de l’attitude
chez Peter Basch.
Que ce soit chez une illustre inconnue
ou Jane Fonda,
Janet Leigh ,
Marlène Dietrich,
ou encore Sophia Loren et Marcello Mastroianni,
il y a toujours cette élégance de la pose
dite « naturelle »
avec ce brin de sophistication en deuxième lecture ;
une étude de ses planches-contacts le montre.
Que ce soit pour un travail de commande
sur la croisette
à Cannes
ou pour de la photo de charme.
Toujours cette exigence.
Mâle gaze ! Trancheront les nouveaux censeurs.
Bim !

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