Archive for the 'végétaux' Category

Miroir, ô mon beau miroir…


à une faïence pareille, niveau réflection, Nadia aurait fait passer une psyché, des années ’30, pour une aimable plaisanterie.
N’ayant pas un physique avantageux, lucide, elle se demandait si son amant lui était plus attaché pour l’image qu’elle lui donnait, au travers de cet épiderme unique, plutôt que pour cet héritage de vieille souche Austro-Hongroise…
Pendant qu’il s’y mirait, Nadia réfléchissait.

Peut être que…


Peut être qu’il est des êtres condamnés à ne vivre que dans la distance et la correspondance,
peut être que l’épistolaire, de son paravent de papier, entretient, à tort ou à raison, les sentiments,
peut être que le timbre et l’enveloppe oblitèrent le quotidien si mortifère
peut être que le virtuel est pire encore?
peut être que peut être…
Peut être que je sais de quoi je parle…

Recette… Encore les rats!


Prenez une ‘tite dictature,
ajoutez une inflation galopante,
un zeste de corruption,
faire revenir à feu doux
vérifier l’assaisonnement de la disette
rectifiez!
servir ou asservir un pays
Choléra au Zimbabwé,
tout le monde s’en fout visiblement!
Ce pote médecin, tout content d’aller au charbon, demain, organiser sur place les secours, apprendre à veiller sur l’hygiène…
Goutte d’eau dans un océan de vase…
Pauvre Afrique!
Mugabé, retourne dans le ventre de ta mère!

De la terre à la lune: mon royaume.


De la terre à la lune il n’y avait qu’un pas,
petit cosmonaute au dessus du piano je m’éloignais de la terre et après un détour par l’orchidée je me la mis en lune comme ligne de mire,
je me repassais Spike Jones par delà le violon
c’était Rhapsody From Hunger:
« Ah, Petrouschka darling, let us drink to your beautiful hair.
Yes, Igor.
Petrouschka, let us drink to your gorgeous eyes.
Yes, Igor.
Ah, Petrouschka, let us drink to your beautiful ruby-red lips.
Yes, Igor.
Petrouschka, let us drink to your…
Yes, Igor Bivor.
Ah, Petrouschka, they are playing our song. »


Et je te murmurais
I lobe you derrière les oreilles, darling.
Demain je déclare la guerre,
la guerre à la Reine d’Angleterre
et si dans 20 ans elle n’a pas répondu,
mon état deviendra indépendant(*)
et j’y serai Roy:
tu viendras dans mon royaume ?
(Spike Jones, Rhapsody from Hunger).
(*) authentique dans les textes de lois en Australie.

Hortense, il y a des mûres.

Lubudi, le 21 Janvier 1948.
* * *
Je n’ai pas aimé, cette nuit, vous lire
le courrier est arrivé avec deux semaines de retard,
cette version des choses sur mon silence
mur chagrin face au mur de silence
mur des lamentations face à mur d’indifférence
si c’était pour me sortir de cette bulle d’aphasie
cette apnée de chagrin,
c’est réussi!
après cette fin de non-recevoir, vous voudriez que je me répande en larmes au sol, pour vous montrer combien j’ai mal de vous.
Désolé de vous décevoir, les raisons qui vous font rester en Europe, vous regardent et je les accepte… Mais ne me demandez pas l’impossible.
J’ai choisi cette vie en Afrique,
cette Afrique qui « nous » tend les bras,
et, vous ne voulez pas m’y rejoindre, soit!
séparons-nous, vu que tel est votre désir, vous me dites que vous garderez l’enfant…
Les juges vous donneront raison et j’en serai quitte pour une pension alimentaire jusqu’à sa majorité,
si tout va bien.
Nous sommes en 1948, cette terre a besoin de suppléments d’âmes pour se développer,
j’y enseignerai ce que je sais.
Après cette guerre qui nous a volé notre adolescence,
je ne veux pas reconstruire en Belgique…
Je désire me reconstruire loin de cette terre qui m’a pris tant d’être chers.
Je n’y ai plus d’amis…
Chers disparus dans les camps.
Chairs disparues…
Et la vôtre maintenant.
Ne me demandez pas de revenir et encore moins de vous écrire;
le continent noir vous invite et vous faites la sourde oreille;
restons en là de cette correspondance vaine,
juste bonne à alimenter la défense de votre avocat.
Plutôt que d’explorer un continent vous préférez l’alcôve de votre maison parentale, de la cave au grenier fouillez les photos de vos souvenirs et affichez cet air de mater dolorosa qui vous sied à merveille, j’ai tous les torts, je sais, vous ne pouvez pas comprendre… Doublement déchiré par cette rupture et ce déracinement que je m’inflige, ne me rejoignez pas puisque telle est votre volonté.
L’humeur vagabonde je m’en vais cueillir des mûres,
il paraît que ça pousse par ici.
Ou sont-ce des fraises?
L…
ps: je vous joins une copie de ce texte que nous avions découvert ensemble, lors de cette nuit folle à Liège

(Francis Ponge) « Le Parti pris des choses », 1942.

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