Archive for the 'lambeaux' Category

Comme une soeur tête coupée, tête coupée…


Tout à la joie d’avoir une petite machine à prêter (merci Bernard!) pour convertir des images qui dorment depuis des années dans cet analogique désormais désuet, zéro ou un, nous n’avons plus le choix qu’entre deux chiffres, choisir c’est renoncer… 40 à 60 heures de vidéos, filmées amoureusement, images pêchées au gré des voyages, machines non remplacées… Tête du vendeur qui vous regarde avec pitié.
Je préférais ma surface sensible d’antan à ces irrémédiables « rien ou un » de maintenant…
Oui mais « rien » et « zéro », ce n’est pas pareil, vont me dire les spécialistes (madame de K. en tête)… Je sais, c’est une façon de s’exprimer, moi c’est « rien ou un ».
Mémoires en train de s’effacer déjà,
vite! archiver (toujours archiver), le papier des livres bien que jaunissant et se désagrégeant reste, les reliures défraîchies alignées au mur me délivrent toujours leurs (bons) mots tandis que nous ne sommes jamais à l’abri du fichier que cette foutue machine ne « sait » plus lire ou ne « veut » plus lire…
J’imagine avec effroi, à l’ouverture, l’effacement de pages entières de Beckett au « Minuit », lui qui mettait déjà si peu de mots…
Sam? qu’en dirais-tu?…
« Silence. »
Peut être…
Donc grâce au « miracle du « love-one », j’ai retrouvé ce petit moment de bonheur,
dans mes bobines, entre parenthèse même le mot  » cassette » (K.7) m’est insupportable,
donc ce petit moment, au fond d’un bled au Portugal, en ’91,
sourires d’enfants,
le joli visage que cette gamine avait!
« … Comme une soeur tête coupée, elle ressemblait à sa poupée… »
indifférente aux adultes, ses cadets en avaient de la chance d’avoir une grande soeur comme celle là;
analogie de simplicité de jeux,
numériquement vôtre…

G. Brassens, paroles de « Comme une soeur… »
Je n’ai pas trouvé Georges en image
… Pour l’air, c’est pas encore trop mal.
sinon l’original est
ici

Clic-clac-kodak-capitaine-kapok.


Il faudrait attendre trois à quatre semaines pour voir ce film surexposé par endroits et un peu hésitant à l’image des premiers pas de ce bambin.
Au bout de trois semaines, la clé mêlée à celles de la Dauphine et de la maison, unique trousseau de la famillle, sésame de l’image, l’attente à son comble, ouverture de la boîte 262 à la poste…
Attendre ce soir, qu’il fasse noir pour projeter ces trois minutes d’éternité, images saccadées aux couleurs par moment passées, magnifiées par le miracle des bains de couleur, des verts saturés de la canopée aux rouges soutenus de la latérite, ces personnages étêtés et Pompon courant partout, cherchant son os…
Poum! tombé! renversé par le chien passé en trombe, l’os dans le colimateur…
Crise de larmes bien sûr!…
Trempe à Pompon.
Peut être se faire des dias dans la foulée, qui seraient arrivées en même temps…
Tant que l’écran était monté
Ou se refaire un autre film?…
Se refaire un autre film.

Pleine lune au bout du doigt.

Sur mon plancher le bol me jouait des tours,
la pleine lune dans l’après-midi.
Et s’il n’y avait pas que du Lapsang souchong dans ce thé? me dis-je.
Elle me tendait son petit visage lunaire et sa peau, qui n’avait pourtant pas la couleur du breuvage, ressemblait étrangement à cette faîence aux grains de beauté épars.

… une autre variante.CLIC!

Peut être que…


Peut être qu’il est des êtres condamnés à ne vivre que dans la distance et la correspondance,
peut être que l’épistolaire, de son paravent de papier, entretient, à tort ou à raison, les sentiments,
peut être que le timbre et l’enveloppe oblitèrent le quotidien si mortifère
peut être que le virtuel est pire encore?
peut être que peut être…
Peut être que je sais de quoi je parle…

Sur les grands noirs de mes nuits blanches.



D’un pôle à l’autre,
l’écran pour tout moyen d’entretenir la flamme à distance,
miroir ô combien déformant des sentiments.

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