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Pour quelques sous dans les fouilles du falzar de son père.

Un peu plus grosse qu’une pièce
de deux de nos euros
cette tache de vin
habitait sa joue.
C’était là son arme…
Pendant que l’autre le regardait,
son angiome,
il lui scrutait l’âme,
à son interlocuteur…
Lisant à livre ouvert
à qui il avait à faire.

Elle
à la maison
c’était sa peur, sa trouille, sa sainte frousse…
Lorsqu’elle avait fait une bêtise
il ne lui levait jamais la main dessus
la punition était bien plus terrible que ça;
elle devait l’embrasser
l’angiome
Il le lui montrait de loin
en silence
posant simplement l’index dessus
elle venait alors
malgré elle
inexorablement
magnétisée
par ce chancre
lie de vin
dont elle détestait le contact sur les lèvres.
.
Plus tard
à sa mort
elle l’embrassa

sans qu’il l’oblige
cette fois
comme réconciliée
avec cet homme
sévère et bon
qu’elle avait mal lu,
dont elle avait eu peur
toute sa vie.

.

(ill. S. Ricci).

.
A moitié satisfait de sa nouvelle,
du titre surtout,
il devait régler l’addition…
Wyspra la lui apporta
Le bonhomme sorti,
elle fit un pola des restes par lui laissés.
Il avait ses habitudes,
deux fois par semaine à présent,
à la brasserie.
Il ne touchait pas au pain,
mais le réclamait toujours.
Les gens sont curieux.
.

L’ éclipse.

.

.
Claire
obscure
pensait à Roland B.
qui disait :
“quand je me sais photographié,
je me transforme en image.”

Les clameurs s’étaient tues.

Pareille à un tambour
mandala immobile
elle résonnait
au son de la pluie ;
la flaque
goutte
après
goutte
prenait
de
l’ampleur
et
diluait
la
craie
bleue
du
ciel
les
rouges
incarnats
le
jaune
safran
le
vert-wagon
et
pareil
au
lin
le
mauve.
Lundi, la marelle serait à refaire sur son palimpseste dilué.
.

.
un,
deux,
trois…
Quatre-cinq,
six…

« Jacuzzi » (Mimile Zoli).


(glâné chez Myriam El T. qui m’a fait connaître cette image:o).

Je ne sais pas ce qui lui a pris ce matin,
Elle a étrenné le jacuzzi au lever
il est vrai que ce thé était délicieux.

L’ennui.


Le dimanche après-midi tu t’y ennuies…
Douala n’a de doré que ses staphylocoques.
La ville suinte de toute son humidité
dès la descente d’avion…
Mais je te l’ai déjà dit…
Un moisi de vieille tartine oubliée au fond du cartable.
Alors tu prends la voiture et tu vas jusqu’à l’aéroport…
Voir les avions.
Comme Bécaud
Mais ce n’est pas Orly.
Tu longes la piste,
arrive sur un petit chemin de terre battue et
cahote jusqu’au cimetière près du « bois des singes »…
Là tu arrêtes le moteur…
Bien rangé
à dix mètre d’une autre famille de blancs
qui picnique là aussi.
Petit salut de loin,
(précaution d’usage)
Et tu attends…
Tu attends RIEN
Plus tard tu sauras que c’était Godot
mais en attendant tu t’emmerde…
Ferme.
L’ennui profond;
le « qu’est ce que j’veux faire, ch’ais pas quoi faire »
qui te parleras si bien plus tard…
Mais il est Godot pour connaître Godard.
Il y a les tombes évidemment
ça ! des tombes il y en a…
Et puis le monument érigé:
« à-la-mémoire-des-victimes-de-la-catastrophe-aérienne-des-années-’70 »
Ou un truc du genre.
Une aile en béton…
Original !
Triangle alone au milieu des croix du jardin des morts…
Et tout au bout,
t’as la piste;
le 15h45 dans un grondement assourdissant
une orgie de son
un fracas de décibels…
Qui prend son envol.
.
Dis p’pa ?
C’est quand qu’on va où ?
T’as fini ton livre ?
Moi oui.
.

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