Archive for the 'lambeaux' Category

Et roule ma poule! vas-y que je te fasse le tour du jardin avec circuit et tout…


… Le nombre d’heures passées avec cette chose merveilleuse
par les monts et les vaux de la parcelle qui entouraient la maison!
se jouant du moindre caillou, elle cahotait son petit bonhomme de chemin… Dodelinant sur ses amortisseurs de fil de fer.
Ma voiture, elle, avait un méchant bout de moustiquaire métallique en guise de radiateur
et se conduisait avec un vrai volant (enfin un rond dans un fil de fer qui partait en son centre perpendiculairement vers le moyeu de l’engin) la fin de cette longue tige se terminait en « S » pour se caler ainsi plus facilement dans le milieu de l’axe des roues…
Près du volant, une autre tige perpendiculaire, elle aussi, faisait office de changement de vitesse (factice, je vous rassure)…
La classe!
(là je viens de faire du Nouveau Roman, sans coup férir)
à la guest house de « Msiri-avenioue » quelle ne fut pas ma surprise d’en retrouver une à l’identique.
Ne me demandez pas la tête que faisaient les « gens de maison » (on ne dit plus boys maintenant… Et domestiques reste sensible) en voyant le « muzungu » (çà, ça n’a pas changé) tirer sur sa ficelle tout en filmant le merveilleux petit équipage qui, ils ne le savaient pas encore, intègrerait les bagages du blanc au retour.
De toute façon la veille j’avais filmé les fourmis dans la cour,
donc je devais, sûrement avoir un grain ou avoir bouilli trop longtemps dans la marmite.
Le lendemain, nous sommes partis très tôt de Lubumbashi pour rallier Lukafu,
à cent-soixante-quinze kilomètres de là
étape obligée pour « faire » les chutes de la Lofoï: à trois heures de voiture, de la mission (dont j’ai déjà parlé) et surtout deux heures de marche vite augmentées du double et des poussières,
(parce que… L’estimation du rapport temps-distance-fatigue ce n’est pas vraiment le sport national là bas…)
Quatre heures et demi plus tard, t’en baves dans les branches, tu te coinces ce que tu devines où il ne faut pas et le gros rocher (à l’oeil perfide) te guette pour se dérober (comme c’est bizarre) au dernier moment…
Mais, au bout du compte, le canard est toujours vivant!
Donc après sept heures de trajet, où pendant deux heures la piste voisinait le paradis,
malgré la tôle ondulée et les camions, qui venaient à notre rencontre et nous visaient à vive allure, au milieu de la route (c’est la coutume, on va dire), après cela le reste ne fut qu’une descente d’organes en tous genres dans l’habitacle, il valait mieux se trouver à l’avant plutôt qu’à l’arrière: là, la technique du loukoum mou sur motte de beurre fondu était la seule à connaître…
Un jour je vous l’imiterai (il faudra être sage bien entendu!)
… Vous l’aurez compris, nitroglycérine s’abstenir;
à l’identique, cette petite voiture que je tirais allègrement, encore, la veille dans les ornières et les pires coins du jardin aurait dû me mettre en garde sur la suite…
Il faut se méfier des augures en Afrique.

Hotel Bellevue… La vue est moche.


Lubumbashi 2009

Elisabethville ’62
J’avais emporté mes parents dans la valise, il fallait qu’ils voient ça.
Quitte à faire un pélerinage (j’ai horreur de ce mot) j’avais pris quelques photos d’époque pour comparer les lieux et faire un « petit travail d’arts plastiques » aussi.
C’est important les lieux.
A l’heure où on met en doute le fait d’avoir marché sur la lune,
ici je suis à Lubum.,
anciennement Elisabethville
(admirez, au passage, la transition de la lune à Lubum.)
à l’hotel Bellevue,
« hotel moche-vue » à présent.
Le parc d’eucalyptus, à l’arrière plan, a laissé place à un affreux bâtiment, qui ne sera peut être jamais terminé… Pourtant, c’est à cet espace vert, transformé en marché certains jours, que l’hotel devait ce nom, cent fois rabaché de par le monde…
C’est là aussi que j’avais vu mes premiers morts,
lors d’une fusillade près de la poste,
pendant « la der des ders » des guerres Katangaises…
-Ils dorment dans la rue… me dit ma mère m’emportant ou plutôt s’enfuyant avec d’autres blancs dans l’abri tout relatif d’une chambre transformée en « fort Alamo » pour la circonstance.
J’en avais déjà parlé (la première visite de Loïs en tant que lectrice… Ah! nous étions jeune alors! elle n’avais pas encore changé de pseudo… Mais je m’égare)
« le tragique de l’exil, c’est l’exil », disait l’autre dont j’ai oublié le nom (*)
Je place, donc, les photos, bien sagement, sur les colonnes correspondantes.
Le temps de retrouver l’angle,
de comparer les objectifs,
et de régler sur noir/blanc,
le numérique fait son petit travail de scannage de la réalité…
Jack’s in the box!
Peut être que ma mère me dira « avion, pantoufle, stylo » en voyant les photos.

Elisabethville ’62

Lubumbashi 2009
* * *
(*) l’acteur Andy Garcia, parlant de Cuba où il n’est jamais retourné.

Petit aparté… Autour du 24. 09.’91 à Kinshasa.

L’autre soir, j’étais chez des amis à l’occasion d’une « auberge Espagnole » (l’évènement fêté était tout autre, ça, je ne l’ai su que plus tard!)
et, en attendant les retardataires, nous décrivions nos vacances respectives aux quatre points cardinaux: les uns avaient découvert Istanbul pendant une (trop) courte étape puis avaient fait de la rando en Bulgarie, les autres étaient allés dans le Sud (là où il ne fait pas bon être fleur, tant la température monte dans les alambics) se frotter à l’extraction d’huiles essentielles de lavande et autres fragrances …
Suskind nous l’a décrit mieux que moi!
quand à bibi, avec ce “voyage” si peu ordinaire dans le temps, je bichais de donner en primeur et en ménageant les effets (vous me connaissez) l’émerveillement de ce que j’étais allé y chercher, tout en temporisant et rappelant que mon copain et moi devions être à peu près les deux seuls touristes au Congo à ce moment là…
Parlant de l’état pitoyable de la situation là bas, je sors, de ma poche, un billet de 500 F.C. valant environ 0,66 $ et le donne à mon pote qui fêtait ses 35 ans… Avec une boutade du style: « tu t’achèteras ce dont tu as envie, je n’avais pas d’idée. »
35 ans quel bel âge!
il ne m’avait pas dit qu’il passait le cap, le sot!
et puis ça ne se fait pas d’arriver sans cadeau;
mais ce n’est pas de ça dont je voulais vous parler.
Sa compagne s’esbigne en douce et reviens avec un petit “album-photo-décoré-en-plastique-ringard” qu’elle me tend (je m’aperçois du pléonasme en le tapant) je considère la chose avec ce qu’il faut de considération vis à vis d’un objet A5 tel que celui-là…
Ne pas froisser les susceptibilités sur les choix esthétiques, tel est mon credo…
Autre façon de dire « les goûts et les couleurs… »
Je l’ouvre et trouve “sa” petite collection de billets de banque du (déjà) Zaïre cher à Mobutu avec les billets gravés à l’effigie du dictateur sur les zaïres (ça va “Zaïre” du portefeuille disait-on à l’époque… Le Belge est espiègle, quand même!)…
Chaque billet soigneusement rangé avait son petit emplacement, bien plié dans sa désuétude, sa dérisoire inutilité monétaire…
C’est alors qu’au détour d’une de ces pages de plastique, je tombe sur cette lettre, pliée en quatre, de sa main, à 11 ans …
Elle m’invite à la lire.
En ‘91, ses parents étaient à Kinshasa et, pour changer, le pays était agité de troubles en tous genres… Tout comme plus tôt les guerres Katangaises ou l’avènement de Joseph-Désiré (sic) Mobutu (pas encore Sese Seko Kuku Ngbendu wa Za Banga etc.) en ’65 avaient semé un vent de panique voire de terreur dans la population blanche…
A quelques années de décalage, je croyais lire une missive que j’aurais pu écrire, 20 ans plus tôt, dans des conditions identiques…
Mais laissons-lui la parole…
Diane, je te remercie de me permettre la diffusion de ce document, les fautes d’orthographes restent savoureuses, mais la pensée, cette petite pensée inquiète d’une enfant de onze, reste, par delà les mots.
C’est à la recherche de ces sensations là, que je suis, dans mon travail de plasticien…
Et pourtant, un cadeau d’anniversaire à 0,66 $ qui dit mieux?…
Mais ce cadeau-ci, lui, est et reste inestimable.


Pour ceux que ça intéresse « whisky-pédia » a un article relativement objectif sur la situation politique de cette époque.

Boîtes postales vs portables… Sont barjots ces opérateurs.





De cette poste il n’en reste rien, juste la façade qui…
Comme son nom l’indique.
Sur le côté, à gauche, ils ont refait les cellules, en vitrines de petits commerces apparemment…
« Notre » boîte était là.
Plus de boîte!
« mâche ta chique jeune matelot! »
à droite, ce n’est pas encore « réaménagé » (et loin de l’être): certaines boîtes sont bâillonnées par un chiffon pour être sûr qu’elles ne cracheront plus leurs bonnes et leurs mauvaises nouvelles ou plus simplement elles ont été remplacées par un étalage compliqué en bois où l’on a refait à l’identique les anciennes cellules à courrier…
Faire et défaire.
On a juste envie d’y mettre ses chaussures ou sa trousse de toilette.
L’imbroglio des boîtes manquantes, à moitié défoncées (quand ce ne sont pas des trous béants) me remémore ce glorieux passé épistolaire où les gens avaient encore à coeur d’écrire ou de communiquer toutes les semaines avec la famille restée en Europe…
Plus de « Mes chéris… » ou de « Chers vous cinq,… »
Lettres mortes.
‘A p’us!…
Miracle, aussi, de ces boîtes qui pourvoyaient, aux fêtes, les petits cadeaux venus de l’autre continent.
Les plus gros, c’étaient à l’intérieur que nous allions les chercher.
‘A p’us non plus!…
Justement, l’intérieur parlons en…
Des gens sont agglutinés, comme aux heures de pointe, ils n’attendent ni bus ni métro,
mais l’occasion de marchander l’un ou l’autre appareil mobile…
Ou de le faucher, plus simplement…
Tu ne poses pas un doigt dans le hall sans faire un sms par mégarde…
« Ils sont venus, ils sont tous là » (sic) ces portables de toutes marques,
ces modèles de tous poils,
Le port d’arme est, bien entendu, prohibé…
C’est marqué à l’entrée.
C’est aussi la bourse des opérateurs…
Sont barjots avec leurs offres de rooming à prix bas:
la carte sim aux code pin magique, sésame du texto, se vend par centaine, ici, chaque jour…
« T U? 1 bbq c’we?:O) »
Faudrait être timbré pour vouloir encore poster une lettre.
Je n’enverrai pas de cartes postales…
Quelles cartes postales, d’ailleurs?
« L son U ? » (sic).

Vous connaissez l’histoire du petit singe typographe enfermé, là, pour délit d’opinion (il était rédacteur d’un grand journal dans le temps).


Laissant pendre négligemment sa queue
du « O » de son pneu
plusieurs fois par jour
il vous montre son « Q »…

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