Archive for the 'lambeaux' Category

4, rue cerckel (suite).


Rebaptisée pompeusement « avenue du musée »,
ils n’ont pas du chercher bien loin,
vu qu’il est dans la rue, en face de la maison.
Avant d’entrer, je ne peux m’empêcher de repenser à cette photo,
prise peu de mois avant le glas du départ
qui nous emmènera dans un autre coin de l’Afrique,
la fournaise humide (sic) de Douala.

Là, entre la haie et la rue, nous étions ma soeur et moi,
avec ce nounours ramené d’un week end en Rhodésie,
quelques semaines plus tôt
Je ne sais pas encore si je vais pouvoir visiter la maison;
d’abord prendre langue avec les occupants actuels…
Leur expliquer.

Après la sage-femme de ce matin, plus rien ne peut résister…
Je crois en ces chances de dire bonjour à mon manguier.
J’entre.

Bizarrement…


Quand elle dormait « la Valentin » redevenait une petite fille
et paraissait plus jeune que son âge.

Faut-il que je te raconte pourquoi cette femme est belle? (suite de « Le dispensaire d’Elisabethville… »).


… En plus de quarante ans les différents services n’ont pas changés d’endroit…
Nous traversons l’hôpital de part en part, avant d’arriver dans cette coursive à ciel ouvert, qui parcourt les jardins, du linge pend ou est étendu à même le gazon.
Je vole quelques images au passage…
On ne se refait pas…
Mes fantasmes viennent d’ici: j’assume.
Nous arrivons à hauteur de la maternité et nous nous présentons à la sage-femme en chef pour la forme et comme l’exige le protocole pour des visiteurs qui n’ont rien à y faire.
En parlant avec elle, je lui explique que ma soeur et mon frère sont nés ici, il y a kala-kala (longtemps), sur ce, elle me dit qu’en fouillant dans les « archives » on pourrait retrouver leurs traces, je lève les yeux au ciel en moi-même, me disant: « impossible, ma chérie, t’as vu le pays en ruine dans lequel tu vis, les guerres traversées, le chaos et le délire des hommes… Tu rêves! ou tu vas nous faire revenir dans cinq jours, moyennant pourliche… »
Mauvais que j’étais.
Elle nous entraîne, alors, dans son bureau, une petite pièce exiguë avec une méchante petite table et trois chaises tenues à l’oeil par deux armoires en fer…
Elle ouvre l’une d’entre elles et, de l’étage supérieur, retire cinq registres,
style livres de comptes,
j’y crois pas mais commence à vaciller sur mes préjugés,
à croire au miracle.
Je doute encore, pour la forme.
L’ivre de contes, que je suis, va être servi.
Là, en feuilletant, les registres, toutes les naissances sont répertoriées,
depuis fin ’40-début ’50…
Un trésor!
les mains et les doigts arachnides parcourent les dates, les noms, les heures…
Noirs, blancs, métis…
Tous mélangés dans le répertoire de l’arrivée à la Vie.
Quand en ’63 et en ’67, ils sont là,
respectivement deux kilos deux cents pour l’une
et trois kilos quatre cents pour l’autre…
Un mois avant terme pour l’une,
dix jours après terme pour l’autre…
Elle peut être fière, de son petit effet, cette bien nommée « sage-femme ».
Elle vient de me faire vivre ma première grande émotion du voyage,
le lendemain de notre arrivée.
Elle s’esclaffe consciente du bon tour qu’elle m’a joué
Je la serre très fort dans mes bras
cette vaste parcelle d’humanité…
* * *
L’histoire en images.









Continue d’accoucher des vies
et de donner des émotions
telles que celles là
chère Mama-accoucheuse.
Je thème sur ton histoire.

Le dispensaire d’Elisabethville ou de Lubumbashi.


Le lendemain de notre arrivée
nous partons, tôt, de l’hôtel,
munis d’un méchant cake marbré au chocolat-raisin
(et peut être d’un cafard repu de farine
surpris dans sa sieste et le maelstrom du pétri)
nous voila, disais-je, partis vers la maison…
Chemin faisant, devant la clinique qui vit naître ma soeur et mon frère:
l’une à Elisabethville et l’autre à Lubumbashi…
Notre Saint Petersbourg et Retrograd (sic) de là bas,
après quelques hésitations,
nous entrons (re)visiter les lieux.
J’ai le souvenir de cette coursive à l’abri du soleil et de la pluie
qui ballade le visiteur à travers les jardins et les emmènent aux départements gynécologie, maternité et morgue:
conception, naissance et mort ne sont distantes que de quelques mètres, ici.
Ce n’est pas un hasard.
Tout est un chouïa décati, mais propre.
Sur l’image,
à droite,
la chambre qui fait coin,
ma mère nous attendait mon père et moi,
quand ma soeur avait deux heures.
* * *
La suite demain si vous êtes sages.

La mort en ce Chardin.



Je pourrais évidemment comparer à un tableau de Chardin,
la poudre de la moisissure déposée sur les fruits trop mûrs,
des prunes, des poires trop blettes…
Et le lièvre, à nul autre pareil,
qui pèse de tout son poids sur ce clou,
chevillé à sa patte, le suspendant au mur…
Je pourrais te raconter ces fruits,
ces bêtes habités par la vie de la mort,
subtilement rendus par Jean-Baptiste
Mais à quoi bon?
Je pourrais même te dire que c’est du brodé main…
Mais, tu ne comprendrais pas!
non, tu ne comprendrais pas.
… C’est pourquoi je préfère te dire:
« … je vais m’faire un pétard.
Et partir pour Montélimar
Elle me fait « Je viens avec toi!
Moi aussi je veux du nougat!
Moi aussi je veux du nougat!
(bis).
Billet en commentaire d’un texte de Anna de Sandre de ce jour…
Et, après tout, on est le premier samedi du mois,
alors pourquoi ne pas faire auberge Espagnole avec les restes de la veille? :o)

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