Archive for the 'photos' Category
Le naufrage du p’tit Anick.
Ce n’était qu’un demi mâle,
cent fois venu s’échouer à ses pieds
pour être sûr que la prise soit bonne,
qu’il disait;
fier de son corps,
dard sur l’horizon,
Narcisse dressé,
elle ne voyait plus que cette gerbe,
un peu ridicule,
à l’image de leur brève union.
Elle préfèra garder de lui,
non sans humour,
ce souvenir
se rappelant qu’en dehors d’elle
(un peu)
de lui,
(beaucoup)
il adorait faire des photos de phares,
sur les plages,
(passionnément)
lui demandant toujours avec un clin d’oeil malicieux mais néanmoins salace
« ça ne te fais pas penser à moi? »
…
Pas du tout.
.
« Ce que ses pauvres mains racontent » II (suite et fin).
Résumé de l’épisode précédent: il n’y en a pas.
Tu n’as qu’à regarder le billet d’hier qui est chargé d’émotions, de suspense et de quelques images qui te feront voyager…
Tout ce que je raconte, ici, se passe dans le triangle Bukama-Kolwézi-Lubudi.
Si elle n’en trouvait pas
la raison en était simple
le frai,
la faute au frai
elle ne trouvait pas de poissons.
parce que les bougres étaient loin,
en aval du fleuve,
où ils baisaient et se reproduisaient à qui mieux mieux
Il n’y avait plus qu’à s’asseoir et attendre que les deux cents autres tonnes providentielles daignent remonter le courant…
(T’as vu une pierre toi?)
… La barge serait remplie,
le contrat aussi.
Négociations,
chargements,
déchargements,
courses avec les piroguiers,
gamins au bord de l’eau fuyants et s’égaillants à l’approche de la barge,
(façon années ’50 les images précèdent le texte…
J’ai toujours aimé ces ancrages ringards de la situation que tu vois à l’image…
La télévision et le cinéma nous servent-ils autre chose actuellement?)
mais je m’égare, je vois que tu veux connaître la suite.
Seul détenteur de cette mémoire je peux te dire qu’il y avait
des bancs de sable…
Ils ne fallait pas s’enliser!
ou les remous, lorsque le barrage relachait ses eaux.
Après les dangers de la rivière il restait à parcourir la longue savane où les éléphants passaient le plus clair de leur temps… Leurs « cartes de visite » encore fumantes en attestaient,ils étaient nombreux et peu de chance de s’en sortir quand ces animaux vous prennent en grippe.
Certains passage étaient étroits, la piste encaissée et la panne redoutée: seule et sans arme à la nuit tombante (vers six heures et demi, au plus, il fait noir comme dans un four) je ne te dis pas la peur qui peut te prendre quand le poisson émet ses effluves dans la fourgonnette et que les fauves flairent le bon plan…
Deux ou trois hyènes suffisent à te glacer les sangs et te font passer une « sacrée soirée ».
Nous sommes loin des jeux de vingt heures!
pour toi la nuit commence…
Avec ta lampe torche et ton feu allumé à la hâte, attendant le jour.
Sitôt débarqué le poisson à l’usine, elle filait rejoindre mon père, à cent cinquante kilomètres de là, pour étudier ma conception…
Néanmoins… en cachette!
vu que le grand père rôdait dans le coin…
Après ce chimiste Français, qu’il avait soupçonné des pires turpitudes,
ce n’était pas ce petit c.. qui allait lui enlever sa fille!
…
Et moi je reste là,
interrogeant la moindre image de ce huit millimètres
seul témoignage de cette aventure.
Epilogue:
De cette épopée elle gagna le pari, de justesse,
deux cents quarante tonnes en deux ans.
Imagine.
Le 17 décembre elle aura quatre vingts sept ans
peu lui chaut, elle ne se souvient de rien.
Elle a fait son travail comme elle continue de le marmonner à sa couverture.
J’ai du mal avec ta carcasse sans mémoire tu sais…
Quelle personne extraordinaire tu as été M’man.
A propos, j’ai revu Berquin…
Tu sais qu’il s’appelle Chengé maintenant?
et j’ai retrouvé ta barge près du pont de Bukama dans un bouquin sur le Katanga.
« Tout ça ne nous rendra pas le Congo »
comme dit la boutade restée célèbre par ici.
« Ce que ses pauvres mains racontent. » I
Après longtemps de laboratoire, une oppportunité se présenta.
Je te parle de ça dans le début des années ’50
elle a vingt-sept, vingt-huit ans,
Un contrat juteux sur moins de deux ans.
Le travail était on ne peut plus simple du moins en apparence:
il consistait à collecter le produit de la pêche dans les villages du bord de fleuve et à l’acheminer pour la salaison et la fumure.
Ce poisson servirait à nourrir les ouvriers de la compagnie qui l’avait employée durant ces dix dernières années.
Deux cents quarante tonnes de poissons à aller collecter chez les pêcheurs aux confins du Lualaba.
Camionnette et barge avec moteur furent achetés.
Et la voila partie.
Le premier mois fut miraculeux
pas moins de quarante tonnes…
Puis…
Plus rien!
pendant quatre longs mois
rien
nada
que dalle!
Quelques kilos
glânés çà et là
par extraordinaire.
C’est tout
Ce n’était pas faute de chercher pourtant.
En pirogue, avec ça de tirant d’eau, deux rameurs à dents sciées en pointe, de part et d’autre du frêle esquif, guidaient à travers les méandres de ce maudit fleuve, prospectant avec elle les moindres affluents et confluents.
Pas un (poisson) chat à l’horizon.
Des villages elle en a vu
des villages où l’homme blanc était rare,
la femme blanche
encore plus
elle était la première.
La sainte frousse,
elle me disait,
ce n’était pas l’homme!
c’était l’hippopotame:
ces bestioles facilement susceptibles (on le serait à moins) qui vous coupent une barque en deux, et plus si affinités.
Les crocodiles se prélassants au soleil, à côté, c’était de la roupie de sansonnet…
Juste des troncs attendant comme un départ vers l’océan.
. . .
(à suivre… Comme on dit, dans: « Ce que ses pauvres mains racontent » II, demain).