Archive for the 'rapport au sol' Category



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(à suivre).

Sur ses traces en ce jardin.


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Des langues de ruisseaux et de rivières rougeâtres
s’allongent en affluents arachnides au sol.
La latérite, assoiffée, boit goulûment les eaux usées.
A la limite de la nausée
l’odeur des plumes mouillées
ébouillantées
arrachées
en cadence
par poignées
scandent le matin.
Ouvrir sous le croupion
éviscérer…
Les intestins glissent
dans d’improbables entrelacs grisâtres se confondants avec la pierre.
Cous, cœurs, foies, gésiers…
Vider les cailloux et le grain…
Avant de les ranger au fond de la cavité thoracique
assainie de ses boyaux.
Parfois, avec son chapelet allant crescendo,
une jeune pondeuse y passait, par erreur,
avec au bout deux ou trois oeufs formés,
presque prêts à sortir…
Il seraient pour la pâtisserie…
En ce samedi matin
Cinq, dix, quinze, vingt
on avait vidé une trentaine de poussins
plus une poule…
Pour la moambe du lendemain.
Les ailes croisées dans le dos
les pattes coupées et rentrées dans l’incision du fion…
Pour honorer la commande.
Les poulets,
rangés côte à côte,
attendaient le client.
C’était il y a longtemps.
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Récompense des plus grandes plumes
pour une coiffe de chef indien
… Le duvet irait dans des coussins.


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C’est à ça aussi que ce jardin me faisait penser.
Pourquoi je raconte ça ?
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Vendredi tu aurais eu quatre-vingt-huit ans.
Ne crois pas que je l’oublie…

Calendrier ’11… C’est fou ce que le temps passe vite quand on s’amuse !




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Un grand magazine New Yorkais,
dont je tairai le nom,
m’a passé commande d’un calendrier pour ’11…
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(Gil Elvgren-1914-1980)
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Avec Rididine on a décidé de se remettre au travail
Hou ! Le vilain mot me direz vous
Et vous aurez raison !
Comme nous sommes en vacances à Honoluluc
(car ce temps en Europe ne nous inspire guère )
après la plage, nous avons joint l’utile à l’agréable :
quelques photos dans un studio,
par nous improvisé,
ont fait l’affaire.
J’ai retrouvé mes pinceaux et mes brosses…
Et me revoilà dans mes gouaches,mes huiles et les toiles.
L’odeur du siccatif ,
de la térébenthine
et du White Spirit rien de tel !
… Au risque de déplaire à Marcel D.
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(Gil Elvgren-1914-1980)
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Quel plaisir toujours renouvellé !
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(Gil Elvgren-1914-1980)

Bientôt Noël, je m’entraine à faire des petits contes.

Indifférent à la foule,
celle de ces grands magasins
illuminés comme des bordels
pour les fêtes,
le petit bonhomme faisait voguer,
à bout de bras,
son petit navire fait d’une noix
et d’un tout petit bout de tissu
Il s’en allait,
ainsi,
chantant à tue-tête
sa rengaine magnifique,
Ohé ! Ohé ! mâtelooooOOOt !!!
Matelot naviiigue sur les flooOOts…

martelant ses galoches sur le pavé,
Pic ! Pac ! Pouc !
les congères molles des bordures…
Plif ! Plaf ! Plouf !
la neige sale de l’asphalte…
Flitch ! Flatch ! Floutch !
Les flaques froides et glacées du goudron,
Chlip’ ! chlap’ ! Chloup’ !
et P A F !
Il ne vit pas la voiture…

La voix smart et nasillarde du haut parleur dans le « grand magasin » d’à côté annonça :
– Le petit Arthur est attendu par sa maman à l’accueil, au rez-de-chaussée,
je répète :
– Le petit Arthur est attendu…
Et la voix fut couverte par
le bleu électrique intermittent d’une sirène,
au hululement inutile déjà.



Ce qui, pour un conte de Noël,
est assez triste, en somme,
j’en conviens…
Mais vous me connaissez…
J’adore raconter des histoires
et peut être que celle-ci n’est encore,
une fois,
que le fruit de mon imagination,
allez savoir ?

Le vieux garagiste.


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Couvre-feu.
Quinze raflés.
Comme les autres,
tous blancs
sauf Ilunga,
son mécano,
mort aussi.
Lui se souvenait de cette nuit noire.
Ce froid ravivait ses vieilles blessures.
Pangolin bizarre et hagard
Nu
Fuyant
Sur les coudes
Sur les genoux
Douleurs
Ramper
Ramper
Loin du massacre
Le grand Grec leur résistait
à deux ils s’y étaient mis
Crosse
Coupe-coupe
Battus à mort
Plus de chevilles
Ni de poignets
Cassés
ou plutôt
broyés dans ce camion
Route
Forêt
cours d’eau
voie ferrée
jeep
des militaires aussi
L’avaient emmené
au dispensaire de Lubum.
sans savoir ce qu’il avait vu
Un blanc de soixante-dix ans
nu et à quatre pattes
c’était pas ordinaire…
Ils le feraient parler à l’hosto
Quatorze morts
Seul lui…
Rescapé.
Grâce au grand Grec…
Ami de la famille.
Pour se souvenir.
Pour se souvenir
(bis)
… Et vous me demandez pourquoi ?
Ils sont partis en Août ’67
pour ne plus jamais revenir
(sauf un, il y a peu)
Leurs trois gosses
onze ans,
trois ans
et six mois.
Pour ce souvenir.
Pour ce souvenir
(bis).

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