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Le dispensaire d’Elisabethville ou de Lubumbashi.


Le lendemain de notre arrivée
nous partons, tôt, de l’hôtel,
munis d’un méchant cake marbré au chocolat-raisin
(et peut être d’un cafard repu de farine
surpris dans sa sieste et le maelstrom du pétri)
nous voila, disais-je, partis vers la maison…
Chemin faisant, devant la clinique qui vit naître ma soeur et mon frère:
l’une à Elisabethville et l’autre à Lubumbashi…
Notre Saint Petersbourg et Retrograd (sic) de là bas,
après quelques hésitations,
nous entrons (re)visiter les lieux.
J’ai le souvenir de cette coursive à l’abri du soleil et de la pluie
qui ballade le visiteur à travers les jardins et les emmènent aux départements gynécologie, maternité et morgue:
conception, naissance et mort ne sont distantes que de quelques mètres, ici.
Ce n’est pas un hasard.
Tout est un chouïa décati, mais propre.
Sur l’image,
à droite,
la chambre qui fait coin,
ma mère nous attendait mon père et moi,
quand ma soeur avait deux heures.
* * *
La suite demain si vous êtes sages.

… Question.

Z’avez aussi l’impression que c’est flou?

Par où commencer?

d’une part il y a ces images accumulées durant quinzes jours qui s’entassent,
et d’autre part les vingt cinq pages d’écriture serrée qui résument ce séjours là bas…

Retrouver la petite musique.

Et roule ma poule! vas-y que je te fasse le tour du jardin avec circuit et tout…


… Le nombre d’heures passées avec cette chose merveilleuse
par les monts et les vaux de la parcelle qui entouraient la maison!
se jouant du moindre caillou, elle cahotait son petit bonhomme de chemin… Dodelinant sur ses amortisseurs de fil de fer.
Ma voiture, elle, avait un méchant bout de moustiquaire métallique en guise de radiateur
et se conduisait avec un vrai volant (enfin un rond dans un fil de fer qui partait en son centre perpendiculairement vers le moyeu de l’engin) la fin de cette longue tige se terminait en « S » pour se caler ainsi plus facilement dans le milieu de l’axe des roues…
Près du volant, une autre tige perpendiculaire, elle aussi, faisait office de changement de vitesse (factice, je vous rassure)…
La classe!
(là je viens de faire du Nouveau Roman, sans coup férir)
à la guest house de « Msiri-avenioue » quelle ne fut pas ma surprise d’en retrouver une à l’identique.
Ne me demandez pas la tête que faisaient les « gens de maison » (on ne dit plus boys maintenant… Et domestiques reste sensible) en voyant le « muzungu » (çà, ça n’a pas changé) tirer sur sa ficelle tout en filmant le merveilleux petit équipage qui, ils ne le savaient pas encore, intègrerait les bagages du blanc au retour.
De toute façon la veille j’avais filmé les fourmis dans la cour,
donc je devais, sûrement avoir un grain ou avoir bouilli trop longtemps dans la marmite.
Le lendemain, nous sommes partis très tôt de Lubumbashi pour rallier Lukafu,
à cent-soixante-quinze kilomètres de là
étape obligée pour « faire » les chutes de la Lofoï: à trois heures de voiture, de la mission (dont j’ai déjà parlé) et surtout deux heures de marche vite augmentées du double et des poussières,
(parce que… L’estimation du rapport temps-distance-fatigue ce n’est pas vraiment le sport national là bas…)
Quatre heures et demi plus tard, t’en baves dans les branches, tu te coinces ce que tu devines où il ne faut pas et le gros rocher (à l’oeil perfide) te guette pour se dérober (comme c’est bizarre) au dernier moment…
Mais, au bout du compte, le canard est toujours vivant!
Donc après sept heures de trajet, où pendant deux heures la piste voisinait le paradis,
malgré la tôle ondulée et les camions, qui venaient à notre rencontre et nous visaient à vive allure, au milieu de la route (c’est la coutume, on va dire), après cela le reste ne fut qu’une descente d’organes en tous genres dans l’habitacle, il valait mieux se trouver à l’avant plutôt qu’à l’arrière: là, la technique du loukoum mou sur motte de beurre fondu était la seule à connaître…
Un jour je vous l’imiterai (il faudra être sage bien entendu!)
… Vous l’aurez compris, nitroglycérine s’abstenir;
à l’identique, cette petite voiture que je tirais allègrement, encore, la veille dans les ornières et les pires coins du jardin aurait dû me mettre en garde sur la suite…
Il faut se méfier des augures en Afrique.

Que de vent dans les branches…



Parmi toutes ces images une fleur se détachait.
Ne me demandez pas pourquoi,
de retour de là-bas
(n’en déplaise à Georges)
je préfèrais le coquelicot au lilas.
.

Il est 7h. à peine, l’air est doux, le vent se lève.


Chaque matin,
au bas de l’immeuble,
devisant sous le porche,
ils refont le monde.

Pas un jour sans une rixe entre deux ou trois d’entre eux,
c’est presque une coutume:
j’assiste tous les matins, depuis la terrasse de l’hotel,
au même manège,
aux mêmes rites.
Sous le regards des badauds indifférents à faire cesser l’échauffourée,
des coups sont échangés,
brefs et violents,
et le combat s’arrête aussi vite qu’il a débuté;
la journée peut commencer.
Au bout de quelques jours, cette violence urbaine ne suscite plus que peu, ou pas, d’inquiétude
Il est 7h. à peine, l’air est doux, le vent se lève,
rien n’a d’importance
… Surtout quand tu sais que tu vas gagner (peut être) un dollar aujourd’hui.


Lephauste me fait l’honneur de se fendre d’un billet, ici, son regard sur ces choses que je raconte, frappe juste, encré, qu’il est, dans une acuité de médecin légiste, des âmes, il dissèque leurs coeurs…
il faudrait juste qu’il prenne un peu moins de place sur la commode, de façon à ce que je puisse atteindre cette bouteille pour trinquer à ces belles personnes que je ne nommerai pas…
Elles savent.

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