Archive for the 'E’ville fragments' Category
Le naufrage du p’tit Anick.
Ce n’était qu’un demi mâle,
cent fois venu s’échouer à ses pieds
pour être sûr que la prise soit bonne,
qu’il disait;
fier de son corps,
dard sur l’horizon,
Narcisse dressé,
elle ne voyait plus que cette gerbe,
un peu ridicule,
à l’image de leur brève union.
Elle préfèra garder de lui,
non sans humour,
ce souvenir
se rappelant qu’en dehors d’elle
(un peu)
de lui,
(beaucoup)
il adorait faire des photos de phares,
sur les plages,
(passionnément)
lui demandant toujours avec un clin d’oeil malicieux mais néanmoins salace
« ça ne te fais pas penser à moi? »
…
Pas du tout.
.
Petit conte triste d’entre les fêtes…
.
Ou encore « à l’oued, gentil à l’oued… »
.
…Le petit Moustapha était au service d’un couple d’occidentaux,
les Old’Zeouaie ( des Irlandais je crois) dont la fille, Yvonne, était ma foi fort jolie.
Il en était très amoureux (évidemment),
et dans ses désirs humides (les plus fous)
il l’avait prénommée (à juste titre) « Belle »…
Désirable elle l’était en effet, et notre petit bonhomme (qui, du reste, n’avait pas beaucoup d’imagination) n’était pas allé chercher bien loin ce surnom.
Inutile d’écrire que le soir, il s’endormait très vite pour aller la rejoindre au pays des songes… Où tout est possible.
Moustapha, malgré tout çà, était un petit génie dans son genre: il fallait le voir se décarcasser dans tous les sens pour trouver les meilleurs fruits et légumes de tout le souk pour ses maîtres et il n’avait pas son pareil pour débusquer dattes, kiwis et goyaves mûrs à souhait et ramener les épices les plus rares du marché (le mercredi en général)…
Le gigot, les merguez ou les poules étaient dodus à l’égal du derrière de sa grand mère (« grand comme une commode » disait-il…)
Lorsqu’il revenait à la maison les bras chargés de ses lourds sacs de provisions la dame plaisantait souvent, en cherchant les citrons au fond des sacs, lui demandant…
-Que nous a ramené notre petit Djinn aujourd’hui?
elle buvait un peu, il faut bien le dire… De ce breuvage affreux « so british » que sa religion à lui, Moustapha, interdisait de goûter, et la dame avait pour coutume de le rallonger (l’amer liquide voyons! pas Moustapha, suivez un peu que diable!) rallonger donc, de soda glacé et d’une fine tranche de lime… (Ramené du marché souvenez vous…)
Mais passons,
là n’est pas la question,
ne comptez pas sur moi pour cafter sur cette femme qui s’ennuyait pendant les parcours de golf de son mari
Un jour, le monsieur, qui était diplomate (mais pas toujours), fut appelé à d’autres fonctions,
dans un autre pays (c’est à dire loin).
Lui et sa petite famille durent plier bagage;
bien sûr Moustapha fit de son mieux pour emballer les affaires,
boucler les valises,
cadenasser les malles (c’est fou ce qu’on peut accumuler!),
empiler les cartons à chapeau de la dame,
emballer les poupées d’Yvonne
et… Agiter son mouchoir sur le quai de la gare.
Il pleura beaucoup et s’en retourna au bled, à pied.
* * *
Morale du thé: c’est depuis que Djinn gueule Belle, Djinn gueule Old’Zeouaie…
* * *
(Il ne sera pas dit que je n’ai pas tenté de vous dérider ce ouikende).
Pour la dame en remerciement du petit mot du 17. 12. ’09
Petits papiers.
En fond de cale
Elle le toise et tangue
Fume des brunes qu’elle écrase
Sur le franc bord
Trace de rouge gras sur le papier diaphane
Elle est dans ses petits papiers
Çà fait un moment et
Quand elle marche sur la dune
Où les hommes brulent
Elle crane
Il veut lui mordre la nuque
Là
Aplatie en fond de cale
.
.
.
.
.
Le texte du jour est de Kouki, que je remercie de cette mise en lumière,
par les mots, de mes images: le crayon et la plume en somme.
(Après tout, étymologiquement, n’est ce pas de là que vient le terme « illustration »?)
(kou)qui s’en étonnera? allez la lire.