Archive for the 'rapport au sol' Category

Trois p’tits tours…


Il avait laissé celle-ci pour une autre…



Elle se demandait si elle n’en était pas un peu jalouse,
de cette petite chose dansante.


Les rêves du bûcheron.

Sa sieste fut agitée
par des songes étranges
récurrents et incessants
toute cette sève coulait
en confluents ruisseaux
se jetant dans le ravin.


Au pied de chaque arbre
il l’imaginait
toujours la même
un peu triste
comme indifférente à sa présence.
A l’identique de Macario(*),
il avait des visions,
ses sens retournés
il ne les voyait plus comme avant
l’impression grandissante
de petits meurtres perpétrés
l’envahissait…
Et il coupait,
coupait,
coupait…

(*) »Macario »: petite nouvelle de B.Traven inspirée par les frères Grimm et porté à l’écran avec la (très) belle Pina Pellicer.

L’attente de Wispra.


Arrêter les comètes en plein vol.

Quarante ans plus tard, j’espère qu’il me le pardonnera.

L’autre jour,
en fouillant dans mon atelier,
j’ai remis la main sur ce petit bijou enfoui.
(Qui a dit que je n’avais pas d’ordre ?)
Le contexte est on ne peut plus simple…
Nous sommes en ’72,
au Cameroun,
en plein pays Bamoun,
dans un petit bled,
pompeusement appelé sultanat,
j’ai nommé Foumban.
Dans cette bourgade existe un lycée,
dans ce lycée se donne un cours de français…
Et ce jour là le professeur
(sur lequel je reviendrai une autre fois)
donne comme sujet de rédaction :
« Vous avez déjà passé un moment agréable avec une personne qui vous est chère.
Evoquez votre souvenir.
Rédigez deux paragraphes du corps du sujet. »

Je voyais déjà la chose sous forme d’une épopée pompeuse avec des drames, des jalousies, des réconciliations puis, au final, un doux moment passé au coin du feu feuilletant un album photos et dégustant un Lagavuline (sans glace siouplé) tout en commentant les images.
Evidemment, je ne pouvais pas savoir que mon voisin de banc allait voler la vedette aux meilleurs d’entre nous, lors de la correction de l’exercice.
Il eu droit, lui, à la lecture publique de sa prose par le professeur,
celui-ci ne ménageant pas ses effets lors des péripéties torrides de la terrible rédaction.
Pauvre Popouera !
Il ne méritait certes pas le 07/20 affublé du « Trop touffu » comme unique commentaire à ce monument de sincérité.
A l’époque,
J’ai honteusement subtilisé la copie,
jaloux sans doute du succès de mon petit camarade.
(Quand je dis petit,
le bougre avait déjà vingt ans, des biceps comme mes cuisses et quelques « spécialisations » dans le primaire et le secondaire).

Je te le recopie intégralement (a’ec les fautes).
Pour ma peine.

« Au cour(s) d’une promenade vers notre étang, j’ai trouvé une fille qui(e) je connaissais un peu et qui n’avait même pas fais(sic) l’école primaire, cette fille m’avait séduit je ne sais pas comment; j’ai essayer(é) de me maîtriser et ça n’allait pas. C’était (illisible)vers treize heures. Puisqu’elle puisait l’eau elle m’a inviter(é) (à) venir l’aider à mettre la (illisible… cuvette) sur sa tête, je lui ai aider(é) à le faire. Elle m’a invité chez elle parce que j’étais gentil, il était treize heures et demie, puis j’étais invité à dix-sept heures.


Je rentre à la maison en ne rêvant que d’elle, et quand mon oncle (m’)adresser(.) la parole que je devais répondre, je baillait(s) car ma vue était sur ma fille.
A dix-sept heures juste je frappe à la porte de la fille qui se lève aussitôt et m’embrasse : je fais semblant de ne pas être content pour qu’elle continue à me faire de bonnes(sic) gestes.
Elle me fait asseoir sur son lit, (rature) et sort je ne sais où, tout d’un coup, elle entre avec le cous-cous et dépose sur la table elle vient et me tient par les bras en disant de venir manger, comme un collégien audacieux je me lève avec peine tandis que son bras autour de mon cou on vient ensemble manger.


On cause jusqu’à dix-neuf heures, et maintenant elle s’en va se coucher sur le lit et m’invite encore de venir faire la sieste avec elle.
Aussitôt que je me couche sur le lit, je me sentis déjà anormal et pour ne pas lui faire savoir ce qui se passe je me couche sur le ventre pour cacher les mouvement de mon bas ventre, elle avait su puisque c’est une fille qui a déjà fait trop d’expériences, par ses gestes tendres et douces, je vis un paradis que je n’ai jamais connu depuis mon enfance jusqu’à cet âge.
J’étais rentré chez moi vers vingt-et-une heure(s) quand tout le monde était endormi ; chaque jour je venais causer avec ma fille et à la rentré(e, elle m’a donné cinq-cents francs.

Les crapauds.

Cependant qu’elle surveillait les clients,
Wispra l’écoutait d’une oreille distraite…

Oeil en trou de bite,
bave aux lèvres…
Le cramoisi du pif
le disputait
au rubescent du visage :
le byker était reparti
dans ses souvenirs.
– De midi à cinq heures du matin fieu…
Boire, mais boire !
J’étais pété !
Au ouiski fieu…
Que du ouiski…
Malade !…
pour rentrer chez moi,
deux cent cinquante km pour en faire trente-deux…
Je n’avais pas de carte
je tournais en rond !
arrivé
la Loire avait débordé
des crapauds,
des milliers de crapauds…
Il me lègue une plantation de vetiver à Haïti
Mais des crapauds !
Des centaines quoi !
Il en sortait de partout…
J’avais ma maison juste au-dessus de l’eau…
Cinquante centimètres.
Puis j’ai dormi fieu !
Et moi je lui avais donné mon van,
ma moto Guzzi et tout l’barda…
Et qu’est ce que j’apprends à ce moment là ?…
Coup d’état en Haïti !
J’avais plus rien !
La plantation de vétiver…
Schnole !
Quéquette !…
Plus un balle !…
Et le gars s’était déjà taillé.
Quand la Loire est descendue
j’ai revendu la maison.
J’ai tout bu.
Et sinon, tu connais la différence entre la jeunesse et la vieillesse ?
hé bien… La première a quatre membres souples et un raide;
la seconde a quatre membres…
T’as compris ?
Ha ? tu la connaissais ?
Elle est bonne hein ?.

Wispra !?
La même, dis !


– Pourquoi les catogans doivent-ils toujours être gris jaunâtre ?
Pensa-t-elle.

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