Archive for the 'correspondance' Category

Network at Ouaga-Doudou.

Le bonhomme à la moto leur avait dit qu’elles auraient une place bien payée dans la communication :
à la télévision locale
(fraîchement créée à la capitale).
La campagne était loin d’offrir ces avantages !
Pensez donc !
Pour un salaire décent
une sécurité d’emploi,
une stabilité d’avenir
la ville offrait cette opportunité de travail,
que dis-je ?
Cette promesse d’un ailleurs !
Acheter une maison,
fonder une petite famille,
avoir des enfants et
des petits-enfants…
La vie était trop courte pour rater une telle occasion !
Elles avaient donc signé et…
– En route ma poule !
Secrétaires,
animatrices,
speakerines,
miss météo…
Bref !
Ouaga-Doudou n’avait qu’à bien se tenir ! (sic).
Elles arrivaient !



A elles la belle vie !
Tout restait à faire…
C’était du tout cuit !
Mais il faudrait se battre.



(crédit photo : Yves Fonck que je remercie pour ce prêt d’images).
ps : le premier qui me fait « cui-cui » en commentaire paie la tournée.

Zanini noir.

Oun’guele Oun’guele Oun’guele Yo
Oun’guele Oun’guele Oun’guele Yo
Oua-yé

Le type tapait sur sa barrière nadar
Scandant son sapajou de contrebande à la foule médusée
Se balançant dans un rythme syncopé
Zazou Oun’guele Bô
Sorte de Zanini noir
il s’époumonait
comme un beau diable
au pied de Beaubourg
à faire ses
Oun’guele Oun’guele Oun’guele Yo
Oun’guele Oun’guele Oun’guele Yo
Oua-yé

entouré de badauds indifférents
investis d’envies culturelles
du paquebot immobile.
Soudain ;
… Tchoff !
Il tape sur une banane
accrochée là,
entre casseroles et couvercles en alu
comme ultime clin d’oeil
à la ceinture de Joséphine.
Elle est loin,
la terre natale,
hein ?
Oun’guele Oun’guele Oun’guele Yo
Oun’guele Oun’guele Oun’guele Yo
Oua-yé

L’exode manqué.

Il la racontait souvent cette histoire
l’exode avec ses trois copains ;
à seize ans,
perdus au milieu de nulle part,
dans la campagne Française,
à marcher depuis trois jours,
fuyant le Nord et l’avancée allemande
avec l’espérance du Sud…
Au détours d’un chemin
il tombèrent sur une patrouille Allemande
dont le chef demanda leurs papiers ;
voyant qu’il avait à faire à de jeunes fuyards
venus de Belgique
et qu’ils n’avaient rien à faire là,
le type éclata, écarlate, hurlant :
– Vichez le camps à la maizon tout dé zuite ou che fou fê sauter afec tes pompes !!!
Nos trois camarades,
n’écoutant que leur courage,
rebroussèrent chemin,
rentrant à la maison.

Ils se souviendraient longtemps
de leur « exode » manqué
et surtout de cette frousse,
une immense frousse.

Lui se jura que plus tard,
il irait dans le Sud !

C’est comme ça,
je crois,
que papa se retrouva en Afrique.

Des fois dans des classes de garçons.

Des fois dans des classes de filles.

Mais ça c’est une autre histoire.

Il se pique de le savoir…


On a retrouvé Rokuchan,
errant.
Ils l’ont ramené tard hier soir.

Matin pas terrible,
barre au front,
il a l’impression
d’être un réseau de métro
à lui tout seul.

Dodes’kaden est de retour.

Pareille à un vieux bouquet d’immortelles.

Saucissonné dans son filet
un méchant petit chignon
tire une conclusion stricte
à sa beauté un peu passée.

Phase préparatoire à ce qui va suivre
elle bichonne ses coussins de belle-mère,
dans la petite serre-véranda,
penchée avec cette grâce mécanique
si particulière
aux vieilles danseuses ;
enfarinée de poudre de riz
en petits gestes empruntés,
elle vaque,
puis,
comme sortant d’une rêverie,
elle passe à côté
dans la pièce dévolue à ses cours à domicile ;
la leçon peut commencer.
Au rythme de son accent slave
elle dirige les petites
de sa voix rauque et grave
scandant,
faisant enchaîner les figures
à la barre fixe sur le son
d’une autre époque.

Ami d’avant,
ennemi désormais,
le miroir,
scrupuleux délateur,
pointe les erreurs,
des petits rats !

Wispra fascinée
par ce personnage
d’un autre âge
mitraille au Nikon.

« Page précédentePage suivante »