Archive for the 'entre parenthèse (…etc.).' Category

Les cigales.


.
Assourdissant
de son bruit blanc
toute conversation
le chant incessant
des cigales
acouphène lancinant
empêche tout murmure
de secrets.

Apnée.


Comme une rupture de ton.
.
. »Les bateaux de papier »
.
Jour après jour et un à un, mes bateaux de papier flottent sur la rivière, portés par le courant.
Sur leur coque, j’inscris en grandes lettres noires mon nom et celui du village où je demeure.
Quelqu’un là-bas, dans un pays éloigné, les trouvera, j’espère, et apprendra qui je suis.
Je charge mes petits bateaux de fleurs de shiuli cueillies dans notre jardin dans l’espoir que cette floraison de l’aube aura la bonne fortune d’aborder au pays de la nuit.
Quand j’ai lancé à l’eau mes bateaux de papier, je lève mes yeux vers le ciel, et voilà que de petits nuages apprêtent leurs voiles blanches et bombées !
Quelque camarade joue-t-il avec moi de là-haut, les faisant partir sur le vent, pour courir avec mes bateaux ?
Quand la nuit vient, j’enfonce ma tête dans mes bras et je rêve que mes bateaux de papier voguent toujours, toujours plus loin, sous la clarté des étoiles de minuit.
Les fées du sommeil y voyagent et la cargaison, ce sont leurs paniers pleins de rêves !
.
(Rabindranath Tagore, Le jardinier d’amour – La jeune lune, Poésie/Gallimard)
Ps : Je pense que c’est F. Bismuth qui m’avait ouvert à ce petit texte…
Si ce n’est lui, qu’il se dénonce.

« Elle » est partie.

Par un beau matin
revenant de l’enfance
il prit le chemin de l’école
celui de la vie
qui passait derrière le cimetière
celui des illusions perdues
la végétation avait étrangement poussé
les essences n’étaient plus pareilles
et l’arbre,
celui qu’il escaladait,
son arbre avait disparu
laissant ses hautes branches tordues sur la sente.

Par vagues
par flots
les sanglots
en amers bouillons
me traversent
ça et là
scories de souvenirs

Tu es partie cette nuit
petite respiration haletante
et inquiète
tu t’es tue
S de ton corps dés-habité
moineau
sous le drap
pensées absentes
depuis si longtemps
désincarnées
depuis trop longtemps
Je pense à ton sourire
il me manquait tu sais
fichue maladie
aucun humour.

Je raconterai encore
et encore
ton histoire
et plus tard
ou demain
à ce fantôme je dirai
– Hante, je t’attendais.
.

Des nouvelles de nos amis par carte postale.



Enfin à l’abri des vents insolents de ces dernières semaines
nous avons parcouru pas mal de chemin pour arriver dans cette petite crique.
L’air y est doux,
la fraîcheur de l’eau incomparable,
le plein d’eau douce fait nous repartirons sur Honoluluc
mettant d’abord le cap sur le nord de l’île.
A très bientôt de nos nouvelles.

Le souvenir de ses « asperges à la flamande » me revient en mémoire.


. . .
Aussi étrange que cela puisse paraître,
nous qui avions deux yeux,
nous qui étions dans le binoculaire,
nous qui parlions encore de nous…
S’entendre dire que la chaise n’était pas à la bonne distance du modèle,
ou que la verticale du cou…
Ou que « l’ombre portée enfin-quoi ! » n’était pas à sa place…
Il nous venait comme réflexion que c’était le bon oeil qui lui restait.
Deux ou trois mots pour chacun…
Mais quels mots !
pas bavard « le » Stan.
Autour du modèle… Darib, Andrée et les autres… On atteignait le monacal dans ce silence de graphite.
De son oeil il voyait la profondeur dans notre dessin…
Et en nous.
Adorable Stan ! premier mécène de ses anciens étudiants, il déboulait le premier au vernissage marmonnant un bonjour à peine audible et filait avec Renilde (sa Rididine à lui) voir les tableaux, les dessins, les sculptures, les photos, peu importe… Puis revenait un peu inquiet (pour la forme) demandant si le 37 était déjà vendu auquel cas il en avait vu un autre qui, que… Mais bon !
non le 37 n’était pas encore vendu…
Le 37 c’était pour lui.
Premier acheteur il faisait décoller les ventes avec « son » premier point rouge.
S’attardait rarement,
content de « leur » achat, à Renilde et à lui, il repartait en disant…
-Tu nous l’apporteras, dis ? on se fera un petit casse-croûte à la maison…
Tu n’as rien contre les asperges ?
… Contrairement à Manet, il n’en manquait pas une.
Homme entier, sans détours, avec son franc-parler il m’avait confié un jour avoir accueilli la pension avec soulagement parce qu’il ne se sentait plus aussi « hargneux » qu’avant…
Et il en faut de la hargne dans ce métier de passeur…
Le « pas baisser le pavillon enfin quoi ! ».
Monsieur Hensen vous étiez un grand bonhomme…
Merci de votre trace.
. . .

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