Archive for the 'moisi' Category

Assiette heurts.

Comme un hamster,
la boule logée dans la joue,
il observait dans leurs pupilles
ou plutôt
devinait
la télévision
à laquelle il tournait le dos
en bout de table…
Puni.
.
Il n’avait plus faim.
Vraiment.
.
Le gratin englouti depuis longtemps déjà
le seul truc de bon n’était plus qu’un souvenir
Amertume,
texture
et couleur
mélangées aux reflets mordorés de ce quelconque jambon pâle…
Les endives tapies dans la purée,
il n’y arriverait jamais.
.
A présent il n’avait plus qu’une envie :
recracher cette infâme bouillie
de salive enrobée
de sucs sûrs
et de jus amers
qui se délitaient dans sa bouche.
Vomir !
.
Avale !
Mange !
Joue pas Ta comédie !
.
Et cette assiette
à moitié pleine
le fixant de tous ses petit yeux gras !
.
.
.

Porridge et pour pleurer.


Flasque
flaque
blanche
et triste…
Le lait peinait
à pénétrer
la surface gris clair
de cette pape
peu (é)mouvante
à laquelle
il fallait
rajouter
de la cassonade
ou du sucre
pour en tromper
la consistance molle
et le goût.
Infâme bouillie d’avoine !
Il était
impossible
à passer
ce porridge
ce matin.
.
.
.
.
.

(Fallait-il vraiment une image ? ;o)
.


.

.

.

L’ennui.


Le dimanche après-midi tu t’y ennuies…
Douala n’a de doré que ses staphylocoques.
La ville suinte de toute son humidité
dès la descente d’avion…
Mais je te l’ai déjà dit…
Un moisi de vieille tartine oubliée au fond du cartable.
Alors tu prends la voiture et tu vas jusqu’à l’aéroport…
Voir les avions.
Comme Bécaud
Mais ce n’est pas Orly.
Tu longes la piste,
arrive sur un petit chemin de terre battue et
cahote jusqu’au cimetière près du « bois des singes »…
Là tu arrêtes le moteur…
Bien rangé
à dix mètre d’une autre famille de blancs
qui picnique là aussi.
Petit salut de loin,
(précaution d’usage)
Et tu attends…
Tu attends RIEN
Plus tard tu sauras que c’était Godot
mais en attendant tu t’emmerde…
Ferme.
L’ennui profond;
le « qu’est ce que j’veux faire, ch’ais pas quoi faire »
qui te parleras si bien plus tard…
Mais il est Godot pour connaître Godard.
Il y a les tombes évidemment
ça ! des tombes il y en a…
Et puis le monument érigé:
« à-la-mémoire-des-victimes-de-la-catastrophe-aérienne-des-années-’70 »
Ou un truc du genre.
Une aile en béton…
Original !
Triangle alone au milieu des croix du jardin des morts…
Et tout au bout,
t’as la piste;
le 15h45 dans un grondement assourdissant
une orgie de son
un fracas de décibels…
Qui prend son envol.
.
Dis p’pa ?
C’est quand qu’on va où ?
T’as fini ton livre ?
Moi oui.
.

Des GraNdEs TarTes nOires !


.
Il était une fois un rideau
un rideau qui mangeait les petits enfants
les petits enfants qui montaient au grenier pour aller y dormir…
Le rideau planquait au premier cachant des balais et…
Des GraNdEs TarTes nOires !
Jouxtant la porte à angle droit des locataires de l’étage…
(Elle ne les avait jamais vu,
des étrangers parlant une langue bizarre,
pas comme là bas,
en Afrique).
Elle montait donc.
Le premier palier se faisait sans encombres
puis une angoisse profonde s’emparait d’elle
la peur au ventre
la vue du tissu immobile à la deuxième volée…
Trop immobile derrière son motif délavé
cachant ses armées assassines
cachant ses hordes Sarrasines
(elle venait de l’apprendre à l’école)
Elle gravissait les marches avec précaution
sans bruit, veillant à ne pas marcher au milieu des lattes
peu avant l’antépénultième marche
elle se rapprochait
ou plutôt se raccrochait à la rampe
prête à battre en retraite au moindre mouvement suspect de la force obscure
la surveillant de ses petits yeux malins et invisibles
toujours au plus près du garde-fou
elle amorçait à toute berzingue le tournant de ce maudit escalier,
alors au plus près du mal
et grimpait,
quatre à quatre,
la troisième volée
ne regardant pas en arrière,
surtout pas !
dos au danger
peut être à ses trousses
mais non !…
Elle arrivait au grenier
hors d’haleine
claquait la porte
(se ferait encore engueuler)
et s’enfouissait,
coeur battant à tout rompre,
dans les draps froids
sentant le renfermé de la mansarde,
l’humidité des poutres,
la poussière des momies, reliefs d’arachnides repus,
inquiétant capharnaüm de souvenirs moisis.
Un jour,
elle en était sûre,
une main invisible avait tenté de la retenir
elle s’était dégagée de toute son âme…
Avait fuit
des grands frissons dans le dos.
Et depuis… Dieu ! qu’elle détestait ces week ends
scandant le pensionnat toutes les deux semaines.
Demain il faudrait redescendre
et sa grand mère lui demanderait d’aller chercher de la confiture à la cave
là aussi il y avait une lourde tenture.
Et maintenant celle-ci se soulevait…
Se levait…
Le public aussi,
son public,
l’applaudissait…
Les larmes aux yeux
elle les voyait enfin ses fantômes.
Exorcisme de sa peur d’enfant qu’elle l’avait encore…
Mais pas pareil,
la Scala ! imagine !
la GraNdE TarTe nOire !
.
(Pour Dom qui en sait un morceau sur ces peurs et pour AdS qui dit que… Non rien.)

Le petit jardin malade (II).


.
Les objets continuaient de tomber, imperturbables…
Le fils, trente ans dans son scaphandre , passa étanche au monde, ramassant au passage le squelette d’un vieux dictaphone à bande dont s’échappèrent trois cafards courroucés…
Le robinet coulait son filet indifférent,
La vieille, elle, passait et repassait son torchon trempé dans la même eau saumâtre, grise et froide…
un bec de gaz soufflait, en mode veilleuse, son air nauséabond et mortifère…
Les cafards rejoignirent énervés et peureux un autre HLM en la personne d’une cassette à bande, marquée au feutre vert “Leforestier M. : maison bleue”, quinze centimètres plus loin…
Le chat a tout vu.
Lui (le fils) alla dans le frigo rempli de vivres (dépassés pour la plupart) se prendre un Coca Cola à moitié entamé…
Non light.
Normal quoi !
temps
(de sa voix chevrotante et non muée)
– M’man c’est bizarre il y a une odeur de gaz dans le couloir quand on arrive…
Qu’il dit à la vieille affairée à ses boues…
-du gaz ? t’es sûr ?… Je n’ai pourtant rien allumé moi !
à la sortie du scaphandre un deuxième bec était ouvert…
La vieille continuait de s’occuper avec son seau…
Repoussant vers les plinthes, dans les huit du mop, les restes de scories trop cuites,
chapelures eczémateuses de ce qui avait semblé de la vie normale.
Il a tout vu, lui, le chat !
Le vieux, les yeux cabillaud frit, entra traînant les pattes,
14 h., il n’était toujours pas habillé…
Elle se retourna brusquement comme saisie, le toisant elle lui lança
– vous êtes qui vous ?
(le chat sursauta dignement)
qu’est ce que vous faites dans la maison de Marcel ?…
Je ne sais pas où il est mais quand il va revenir..
Il a pris l’avion, il s’est envolé il y a longtemps…
Mon mari…
Oh ! Marcel ?
c’est toi ?
je ne t’avais pas reconnu !
oh mon dieu ma tête !
tu es mon fils… Non ! mon mari ! il est où le chat ?
Minette ? vient manger
Elle poussa une écuelle de croûtes lépreuses de ce qui voulait (encore) ressembler à un bon repas

(à suivre).

… Nous sommes le 1er juillet !

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