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Cette incapacité à s’émerveiller encore de ces choses qui nous firent frémir.

La vieille Borgward allait bon train
sur la tôle ondulée reliant Lubudi à Likasi
(on disait Jadotville à l’époque)
Par la vitre grande ouverte
le petit à l’arrière ne perdait pas une miette
du spectacle des nuages.
De temps à autre
croisant d’autres voitures
ils prenaient garde à relever les vitres
la route disparaissait alors
sous la poussière volatile,
puis
la latérite traversée
elle réapparaissait
comme par enchantement.
Le môme reprenait sa lecture des cieux
s’abîmant dans la contemplation
des récits merveilleux
de la vapeur d’altitude.
les cumulonimbus
avant que de laver le ciel
de ses mirages d’histoires
déplaçaient majestueusement
leur ample tulle
comme de nobles dames
se transformant à vue
narrant
lentement
des contes d’un autre temps
au gosse
formes échevelées
d’animaux étranges
certains terrifiants
d’autres fabuleux
selon
il y voyait
mille et une histoires
dans ces imbrications gazeuses
de continents
de pays et d’îles à la dérive
de ces territoires de l’enfance
que jamais l’on ne retrouve plus tard
avec cette même acuité.



Nous roulions par cette même route d’antan
les nuages étaient là
mais ce n’était plus que le souvenir
des yeux du gosses
dont je me rappelais
celui de la route aussi
fi des histoires qu’il lisait alors
dans les nuées
ce que j’y voyais à présent
c’est que nous allions avoir une solide drache et que
les ornières
torrents de boues instantanés
allaient transformer la piste en potopote (*)
aussi glissant que du verglas
il faudrait lâcher le volant à basse vitesse
laisser la camionnette suivre son chemin
en évitant de patiner et de s’embourber.
Likasi était encore loin…
Nous n’arriverions certainement pas avant la nuit.
Je t’en fiche des histoires dans les nuages !
On allait en baver,
ça oui !!!


(*) « boue » en Swahili.

Décidément ces humains sont fous se dit-il.

Comme dans le pire des cauchemars
nous tournions en rond
dans le mur de la mort
pour le plus grand bonheur
des petits et des grands
qui riaient à gorges déployées
couverts par le vacarme assourdissant
du plancher
de la ferraille
et des machines


Ne me demandez pas si j’ai bien dormi ;
la réponse est non.
Qu’on me rende ma savane !

Si je ne me trompe…

A propos de ma fortune
il faut que vous fasse un aveu ;
celle-ci provient d’une invention
que je fis fortuitement en 1937
(mi-juillet si mes souvenirs sont bons).
Mais je vous raconte d’abord la genèse de la chose.
Rididine était partie à la plage
avec les enfants
préférant me baigner plus tard,
j’étais au jardin
appliqué à mettre au point une forme de porte-voix
pour parler, en direct, aux Martiens.
(après tout ces gens cherchaient sans doute à nous communiquer quelque chose ?)
Las de ne rien entendre en retour,
je partis acheter des bonbons pour la gorge à la pharmacie…
(après tout l’engin n’avait peut-être pas la portée nécessaire escomptée et ça ne servait à rien de m’égosiller de la sorte).
C’est alors que j’eus l’idée géniale
(je dois l’écrire)
d’appliquer deux tuyaux
à chacun de mes cônes et
ô miracle !
J’entendis la mer
(sans l’aide d’un coquillage).
Bien sûr l’océan était proche
mais !
Le système fonctionnait à merveille !
(après tout le système inversé de l’amplification qui en diminuant rendait audible le moindre murmure augmentant ainsi sa capacité de perception… Vous me suivez ?)
A partir de ce moment là,
par delà le bruit des vagues,
les Martiens se manifestèrent
de façon très claire
(je me dois de le dire)
et je compris qu’ils voulaient faire commerce de barres chocolatées
(dont je tairai le nom, pas de pub ici)…
Rendez-vous fut pris,
fifty-fifty
à moi les royalties
et aujourd’hui encore…
Bref ! Je suis rentier.
Je vendis, aussi, mon invention aux magasins de souvenirs de la côte
et chose comique, si l’on veut,
l’armée, l’espionnage et le contre-espionnage
en firent un usage intensif.
C’était drôle de voir ces officiers
et les agents t(r)oubles,
toutes nations confondues,
se rendre incognito au littoral
pour acheter le précieux engin
peu discret,
il est vrai,
mais ô combien efficace.
.
.
.


Dans les grandes villes,
en effet,
lorsque l’hiver se fait long
et que le printemps tarde à venir
on en a souvent recours
à ce grossier subterfuge,
de se poser son oreille
au creux d’un coquillage…
Il faut avouer qu’à côté…
Non, rien.

L°ngs c°urriers.

Rarement,
mais parfois
(je me dois de vous l’avouer)
il m’arrivait de m’ennuyer sur la plage
quand Rididine n’était pas là…
Alors, pour les enfants,
je capturais des avions, à mains nues
et les redirigeais vers d’autres destinations ;
fallait voir, alors, la tête des passagers
redirigés vers l’Asie
ou la Terre de Feu…
Les uns sortaient emmitouflés de polaires, pour l’Alaska, à Cuba
et les autres, en maillot de bain et tongs,
débarquaient dans le Grand-Nord Canadien.

Les gosses ça les faisait rire évidemment.

Les rêves de Shirley…



Comme une grande, elle voulait être comme une grande.


.

être la petite fiancée.

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