Archive for février 4th, 2010

Les Vases Communiquants avec Enfantissages.

« Pourquoi ne pas imaginer, le 1er vendredi de chaque mois, une sorte d’échange généralisé, chacun écrivant chez un autre ? Suis sûr qu’on y découvrirait de nouveaux sites… ». Ainsi sont nés les vases communicants, à l’initiative de François Bon.
Aujourd’hui, j’écris chez Enfantissages, sur son blog et j’accueille son texte ici.

Tu voguais

Tu voguais sur les nervures de l’océan et il me plaisait de te nommer nef à celle que tu fus sans pavillon ni gouvernail remontant les amazones tu avais pris pour voiles les draps blancs les draps blancs étendus dans le balancement de la corde à linge tu avais pris pour vent la brise des temps anciens tu avais tu avais pris pour carte l’ombre et ses jours du roulis de l’arbre sur le mur de la maison tu voguais

Tu voguais sans rime ni raison dans la brume démente qui caresse les eaux dormantes et le phare éteint et il me plaisait de te nommer celle qui soupèse la marche du temps tu as glissé sur la faille de tes doigts dans ta main tendue courant encore et toujours dans la phrase alentie cette lumière rousse se reflète dans la terre tu la pétris de tes pieds et c’est moi qui glisse dans le présent des nuées tu voguais

Tu voguais dans le manteau des étoiles le visage ouvert dans l’immensité du cosmos et il me plaisait de te nommer le brin d’herbe que tu fus dans ton habit de rosée ce lieu où je pourrais enfin faire sens de toi là où de mon esprit à ton esprit de ton âme à mon âme s’écouleront les grains de sable du désert où nef tu gis dans la contemplation des pierres du reg les ondulations du temps tu voguais

Tu voguais vers l’horizon vague dans le flou d’une succession de couchants et il me plaisait de te nommer cette enfant que tu fus que tu es dans la musique de la nuit dans la voile neuve du temps quand tu te dénudais de ton écorce tu m’as tendu cette page blanche ces feuilles de l’arbre que tu étais devenue et je ferai sens de toi je te lirai dans la migration des oiseaux de tes yeux tu voguais

Tu voguais et tu n’es plus et tu es cette feuille posée sur l’eau et il me plaisait de te nommer galet dans le ricochet infini de tes souvenirs en fuite et je verserai dans la jarre que tu fus le flot des amazones et tu boiras à cette fontaine où j’ai puisé pour toi les photos rousses des aubes et des routes dans le lointain de mes lointains que nous avons quitté et dans ce jour d’un autre monde je voguerai à tes côtés

Enfantissages


Liste des participants aux Vases communicants de février :
Aedificavit et Tentatives
Futiles et graves et Juliette Mezenc
à chat perché et Hervé Jeanney
Lieux et Arnaud Maïsetti
L’employée aux écritures et Hublots
Le blog à Luc et Enfantissages
Koukistories et Biffures chroniques
Soubresauts et Kafka transports
Pendant le week-end et Kill that marquise
Le Tiers livre et Fragments, chutes et conséquences
Scriptopolis et CultEnews
Liminaire et Litote en tête
Les lignes du monde et Abadôn
Pantareï et Éric Dubois
Les marges et Paumée

Room 247 (suite d’hier, en 2010).


(Judith ’10).
Après la douche
Judith a pris la mouche.