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L’humilité est la première chose que tu apprends dès le début… (III).

Je ne ne retrouve pas l’image dont je voulais vous parler.
.
La nuit sera courte.
Le lendemain la rosée se mêle aux brumes…
Sont-ce celles des cerveaux…
Ou la nature qui dévoile ses dessous…
Ils ne le savent…
Le pot de confiote passe de main en main,
en gestes mécaniques et silencieux,
le nescafé,
aussi,
arrosé du trop liquoreux « lait concentré sucré »…
En tailleur,
le cul sur la bâche pour préserver de l’humidité,
il mâchent en silence.
un chat s’intéresse, circonspect, à ce tableau.
Sous son regard,
un bref moment d’éternité les traverse ces trois là.
Puis ils vaquent aux paquetages
à grands coups de sandows
boudinant les sacs de couchages
et les canadiennes…
(Les tentes, pas les filles !…
Suivez un peu voyons !)
Douze kilos cette connerie !…
On est loin de ces igloos pour trois à deux kilos, à l’époque.
Cling-clang-blong des gamelles étouffés par des t-shirts en feuilleté dans les fontes,
le dentifrice au dernier moment
Puis c’est la route…
Mais d’abord,
prendre congé des hôtes…
Il est neuf heures…
Soit une heure de retard pour la fraîche…
Tant pis, ils auront chaud plus tôt…
La soirée de la veille était exceptionnelle
… Les autres sont là,
Armelle, échevelée…
Un sein légèrement en ballade…
On ne lui dira pas,
la concupiscence commence tôt…
Des barbares j’ai dit !
Sa mère…
Apparemment belle à toute heure
a déjà le sourire du matin
Le gendre ronfle encore, là haut,
et Perdrix vient de terminer sa douzaine d’huîtres et sa soupe…
Il attaque le café allongé au calva avant que de continuer ses champs…
– Mais vous en goûterez avant n’d’aller dit-il
Le piège.
Encore un !
Le deuxième en moins de cinq heures !
C’est vrai qu’il n’y a pas photo…
Le trente ans d’âge
– « Y a pas que d’la betterave »
comme disait l’autre…
Il ressert le bougre…
Et, comme si ce n’était pas assez,
il remet une liche de celui de la veille
pour comparer…

Deux heures plus tard ils prennent congé et taillent la route :
le cagnard s’est déjà installé,
le soleil haut,
le bitume chaud…
Les mirages tremblent déjà leurs petites danses orientales.
Les pédales sont en plomb…
Passé le village
au premier faux-plat
ils décident de mettre pieds à terre
et de s’enfoncer dans une trop maigre forêt
pour y ronfler à l’aise…
Le métier qui rentre.


Trente-cinq kilomètres ce jour-là…
Pas fameux pour des p’tits jeunes !

L’humilité est la première chose que tu apprends dès le début… (II).

Les voila installés sous les pommiers…
L’endroit est magnifique
les derniers rayons inondent
de leurs lueurs orangées
le verger
faisant glisser les ombres élancées à l’infini
en autant d’anamorphoses étranges.
Une méchante baguette frappée au coin d’un calendos achève de les rassasier
après l’incontournable et quotidienne soupe en sachet,
pompeusement appelée « Julienne »
puis, après brève discussion, le litron éclusé,
ils décident d’aller prêter main-forte à la propriétaire des lieux.
Etonnement d’abord, « vous devez être fourbus, tous ces kilomètres, etc. »…
La veuve échevelée est belle…
Ils le perçoivent malgré leur jeunesse barbare
Puis ils font connaissance avec la fille,
Armelle elle s’apelle,
le futur gendre,
on l’envie déjà le bougre…
Il ne va pas s’embêter !
Son Armelle a cette beauté qui va durer…
Et des yeux…
Oui elle en a deux,
refrain connu,
mais je ne m’en lasse pas (ndlulu)
deux comme ceux de sa mère…
Et le voisin,
serviable,
à la grange,
pareille à la panse,
farcie de meubles normands…
La grange, pas le bide !
(ndlulu : je m’amuse !…
Vous aussi j’espère)
Lui il est comme dans les pubs…
Ecarlate et la patate !
L’haleine chargée ;
ils se tiendront au vent.
Les derniers meubles transbahutés à dos d’homme
dans des escaliers trop étroits …
Le fameux « meuble rouge »
dont on ne sait s’il est vide ou s’il est plein
tellement il est lourd le bougre !…
Il y a un mort dedans sûrement..
Le mari de la veuve peut être…
Après quelques fous-rires d’anthologie,
harrassés mais heureux,
vers la demi de deux tout est terminé…
C’est alors que le piège se referme…
Le cidre du pays sort comme par enchantement,
d’une cave cachée jusque là,
suivi bientôt du calva…
Même cave ;
ça y va !
Le bonhomme Perdrix n’en démord pas…
Le sien,
(qu’il a chez lui)
un trente ans d’âge,
les attend demain…
A l’aube.

Il faut savoir quitter la table lorsque l’amour est desservi…


.
A partir des restes de repas laissés dans leurs assiettes par les clients
elle se fait comme une astrologie des convives
Les nappes investies de graffitis et de taches l’inspirent
Tout de même les gens sont sales !
Comme souvent au restaurant lorsqu’on attend son plat la nappe en papier sert d’exutoire à une adresse, un plan ou encore à des jeux comme des défis de dessin dans les taches de vin
le papier-palette en somme…
La nappe, l’assiette investies des ingrédients multicolores des salades et des sauces… Sans oublier les épices la font rêver.
En lousdé le soir, quand elle rentre, elle emporte deux ou trois nappes (les plus inspirantes) qu’elle a pris soin de ne pas trop chiffonner en débarrassant, et, les maroufle sur une toile ou un panneau de MDF… Comme palimpsestes préliminaires à ses peintures.
De ses oil-bars elle repart sur ces traces laissées par les clients, comme s’il s’agissait au travers des souillures d’en retrouver un portrait en creux.
Des différents légumes, viandes et/ou poissons qui composaient le plat elle s’aventure dans son imaginaire et s’adonne à ses délires multicolores new-age.
Si d’aventure un mec lui demande ce qu’elle peint pour tenir à l’écart l’intrus potentiel elle répond avec un certain cynisme:
– de l’alimentaire.
Elle ne sait pas encore trop quoi en penser ni en faire vu qu’elle se sent plus peintre qu’illustratrice.

A partir des restes laissés par les clients dans l’assiette Wispra s’en fait une astrologie.
Taches, graffitis, souillures et maculas l’inspirent…
Souvent les gens sont sales se dit-elle…


Il interrompit sa ré-écriture, se leva de sa chaise, pris son manteau et son chapeau et alla régler au comptoir en laissant un pourliche conséquent à la serveuse avant que de se fondre dans la pluie qui comme si elle l’avait attendu, venait de reprendre mouillée plus que jamais…
Content de sa petite nouvelle commencée au resto, son papier prenait forme :
il le terminait ce soir, sur son ordinateur, malgré sa journée chargée.

Cependant au snack du passage,
où elle bosse, pour payer ses études,
la serveuse prit un grand soin à photographier la place du monsieur qui venait de sortir…
Elle prend des photos des restes de repas.
Son SX70 acheté trois fois rien sur une brocante de Temploux,
la suit partout et lui coûte une fortune en films chinés ça et là sur Ebay…
Elle trafique,
avec l’iphone piqué à son copain,
un autre cliché et débarrasse.
Dans le juke-box Aznavour.
Elle sourit.



En pensant à l’album «Anita» de S. Ricci qui tournait, déjà, autour des restes de tables.

Tout s’expliquait pour Artie…

Devant son incrédulité il lui montra l’écran…
Les feuilles,
en effet,
apparaissaient et disparaissaient
en cadence régulière
sur les grands noirs de ses huit planches…
(çà, c’est pour Anna et pour la d@me !)
Tout s’expliquait
(c’est dans le titre ! Suivez un peu voyons !)
Ces douleurs et pincements
à chaque histoire de coeur…
Ce sentiment d’effeuiller autre chose que la marguerite
à chaque histoire d’Amour…
Oui il écrivait encore le mot « Amour »
(ça vous étonne ?)
Avec un grand « A » qui plus est…
Et non avec un grand « tas »
comme se plaisait à le taquiner son beau-frère
jaloux de ses multiples aventures sans lendemain.
Le médecin lui dit :
nous sommes devant un cas exceptionnel,
monsieur Shaw
vous avez un artichaut à la place du cœur…
Le scanner est formel…
Et le traitement sera long.
.

Incipit mais non sans saveur… (III et fin).

« L’œil, d’abord, glisserait sur la moquette grise d’un long corridor,
haut et étroit.
Les murs seraient des placards de bois clair, dont les ferrures de cuivre luiraient. »
(Les Choses, (1965), Georges Perec)

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Ah vous voila !
J’ai failli attendre…
Résumé des épisodes précédents
car avec tout ça,
même moi je m’y perd,
C’est dire !…
Je rappelle que tout ceci fut raconté dans le but évident
d’avoir droit à cette larme d’Oban par moi briguée
s’ennuyant au fond de la bouteille dans une soirée plus qu’arrosée :
ça, c’était il y a deux jours.
Dans l’épisode d’hier, le corps du récit était développé de façon magistrale…
Ce n’est pas moi qui le dit,
c’est un ami plus au Sud
Son nom ?
Ne comptez pas sur moi pour balancer.
Sachez seulement que c’est un copain de récré et qu’il a ma locomotive rouge.
Je compte le distraire à l’aide de ce récit pour détourner son attention cependant que j’irai dans sa chambre récupérer mon bien.
D’une pierre deux coups !
Nous en étions restés à :
L’animal est occupé à sa tâche d’alpiniste, centimètre après centimètre, quand vient à passer un léopard ou une panthère…
Quatre mètres plus bas…
Le félin regarde aussi les cimes avec d’autres idées…
Et, à la vue du aï (autre nom du fainéant d’en haut) son idée est faite :
le croissant du matin est là…
Offert par la maison canopée.

Voici la suite…
Et fin.

.
Le cher Khan d’Amérique du Sud ne fait ni une ni deux et bondit sur sa proie, sans réfléchir,
le sot !…
Malheureusement trois mètres plus haut notre infortuné félin glisse,
digne,
le long du tronc de l’arbre,
ses griffes n’étant pas assez acérées pour grimper comme le fait notre Gaston.
Qu’à cela ne tienne, il se récupère sûr, qu’il est, que personne ne l’a vu dans cette position, délicate, et somme toute ridicule pour un animal de son rang…
Sauf que nos amis du Geographic, flairant le scoop, n’en on pas perdu une miette,
déguisés qu’ils sont, en buisson innocent.
Notre homme,
le léopard voyons,
fait le tour de l’arbre,
recommence et se casse la figure une deuxième fois…
A l’abri des regards croit-il…
Puis il avise le tronc couché sur son flanc…
Et l’idée lui traverse l’esprit…
– Aiguiser, il faut aiguiser !!!
Pendant ce temps notre paresseux par le souffle d’air chaud dans le dos, s’est rendu compte qu’on en voulait peut être à sa tendre chair…
– J’imagine que c’est tendre de la viande de paresseux, m’avait dit une amie…
J’avais à l’époque trouvé l’idée exquise, et encore maintenant, quand j’y pense…
Et donc notre « saisi » de nature met les bouchées doubles en avalant les centimètres par trois ou quatre à la fois à présent…
Sherr Khan, lui, tel un gros matou au comble de l’extase et pareil au capitaine Haddock dans le désert en voyant Tintin en forme de bouteille se dit que ce croissant doit être croustifondant…
Ce en quoi il rejoint mon amie ci-dessus mentionnée.
Donc il aiguise,
il aiguise,
pattes de devant,
pattes de derrière…
Et en cadence, faut voir ça !
Il refait un essai, saute, fais quelques pas à la verticale,
envoie une droite au croupion de la brioche,
le rate, puis retombe sur ses pattes et retourne s’aiguiser un coup sur l’eucalyptus…
Pendant ce temps devant ton écran ton pouls s’arrête,
mentalement tu as pris fait et cause pour l’autre conard sur son tronc et muettement tu l’encourage à grimper quatre à quatre ce ‘tain de tronc, c’est pas difficile merde !…
T’as la mort au cul tu cours, tu fonce, tu… Tu…
Non, lui, au comble de la panique des paniques est passé à cinq centimètres par cinq centimètres,
il prend la branche à sa gauche à la corde,
le tigre, enfin le jaguar, qui a resauté prend celle de droite, pestant contre lui même, et retombe
un répit
(je ne compte plus, à ce stade, le nombre de fois !…
Encourageant inutile et vain mon champion en touffe de poil…
Dans un état frisant l’apoplexie d’une finale entre Borg et Mac Henroe…
Ou un grand prix à Vincenne…
Je trépigne,
serre les poings,
croise nerveusement les doigts,
me roule une clope… )
Sher Khan, casaque jaune et taches noires,
reprend son élan,
grimpe jusqu’au cul du crétin,
casaque gris souris et te lui file une droite pas piquée des hannetons,
smashe le malheureux au bas de l’arbre
le rejoint et…
Commence son festin…
Il n’avait qu’à aller plus vite ce con !…
La caméra de nos « z’amis du National Geographic »,
balaie pudiquement les cimes, le ciel bleu et le chant des oiseaux…
Cependant que le générique jette un voile pudique sur le drame.

.
Epilogue : le fond d’Oban fut pour moi bien sûr
et il restait un Lagavuline heureusement.
Je reste un inquiet de nature…
Quant au contenu des bouteilles.
Quelle soirée !

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