Blog Archives

Hotel Léo II.



Après le petit déjeuner
je me fais un croquis dans la cour du « Park hotel »:
nous ne sommes pas pressés, ce matin, mon pote et moi.
Pélerinage oblige.
Ancien « Hotel Léo II »,
ma mère y a travaillé un temps…
J’ai du l’attendre, ici, dans ce patio central, à ciel ouvert.
Une brise légère donne cette petite respiration au palmier.
Il l’a certainement connue…
J’ai une histoire avec les arbres…
Je vous (re)parlerai de « mon » manguier, bientôt.
Si, si! allons.

… La lumière était douce pourtant, ce matin là.





C’est à la bougie et à la frontale que je pêche au vol les impressions de la veille…
Peu de différence avec Lubumbashi où le manque d’électricité et d’eau à divers moments de la journée ou de la nuit vous rendent prudent quant à la toilette.
La chambre est spartiate et n’incite qu’à la réflexion et à l’étude…
Je raconte cette route qui n’en a que le nom à certains endroits…
Interminable, de bosses, de fosses et de gués,
le 4×4 est (effectivement) indispensable…
(Nous pensons à ces crétins, qui vont sur des circuits spéciaux en Europe, à la recherche de sensations fortes…)
Une voiture ordinaire, ici, resterait en équilibre sur son chassis à plus d’un endroit, radiateur ouvert, cardan éventré…
Cinq heures et demie seront nécessaires pour parcourir ces derniers maudits 75 km. et rallier la mission

Lukafu dort encore, il est cinq heures et à cinq cents mètres de là se joue le drame et cette jeune mère qui meurt d’embolie… Le prématuré fera de la sympathie.
En descendant vers la mission, pour le petit déjeuner avec le Père Raoul, loin derrière nous un homme marche hurlant « sa » douleur, rejoint par des pleureuses qui vont en procession gémissante annoncer la nouvelle au village …
A cet instant nous savons.
Un son pur s’élève dans la canopée et emplit à lui seul la savane environnante,
la lumière est belle et douce, le matin se lève dans les jaunes-oranges.
Le chant des oiseaux se mêle aux accords de tristesse comme pour donner le « la ».

Je me force à prendre (ou voler, selon)
le son du chagrin.
(deuil)
L’image restera dans ma pupille.
Je ferais un très mauvais reporter de guerre!


D’instinct nous nous tenons à l’écart et hâtons le pas vers le refuge de la véranda.
Dans deux jours le cercueil circulera et se dirigera dans la foule vers le père adultère ou le guérisseur montrant ainsi le coupable de la mort de cette femme et de son enfant enterrés séparément…
Ou désignera « le visiteur qui avait jeté un sort ».
Le coupable quoi!
Le père Franciscain réfléchit à l’oraison du lendemain,
qui devra tempérer les ardeurs.
Il faut être très prudent en Afrique.

La question reste posée: si c’était vrai le coup du baiser?…


Ami, écoute ce chant venu du fond des âges…
Te souviens tu de ces amours batraciennes?
saison sèche?
pas pour tout le monde.
Il est temps de se reproduire pour perpétuer la race…
Je n’ai pas déposé de baiser sur la grenouille
pour voir si c’était vrai le « coup de la jeune fille »…
J’aime le doute.
Ferme les yeux et écoute, je t’en ai mis un autre extrait:
lac-crapauds-b
(première soirée à Lubum., il est 19h., nuit noire, nous sommes près du golf et de l’ancien « hotel Karavia » en réfection, au bord du lac municipal… La nuit est fraîche, la petite veste de mise, moi qui ne bois jamais de bière, j’ai une « Simba » à la main… Ce ne sera pas la dernière:O).

Croix de bois, croix de fer…


La petite croix au mur atteste d’une permanence céleste dans cette maternité du dispensaire de Lukafu (prononcer Loukafou) le miracle de la naissance s’y accomplit cinquante fois par mois à raison de 8.000 francs Congolais (plus ou moins 10,50 $) pour tous les frais d’hospitalisation et de chambre pendant une semaine…
Les moustiquaires, de l’anophèle, préservent la nuit, pourtant au matin du monde, grelottante elle est morte tôt le lendemain…
Future parturiente, mais impaludée, plus rien ne pouvait la sauver sinon (peut être) l’hopital de Lubumbashi à cinq heures et demie de là…
La route n’aurait qu’accéléré son calvaire.

Je reviendrai sur cet épisode qui nous a marqué, mes compagnons de route et moi.

La poussière comme encore collée aux semelles…



Dire que je suis heureux est en dessous de la vérité…
Ne pas le dire serait mentir.
Mais la joie n’empêche pas de voir la réalité…
Il me faut rentrer.
Des valises plein les yeux,
des balises dans les cieux,
le temps de déballer tout ça et je vous raconte ce vol intérieur
d’où l’on revient (pas tout à fait) lavé des scories du passé.

« Page précédente